Page 83 - L'AVENTURE DE JABER
P. 83
L’Aventure de Jaber
LE CONTEUR. - « Les armées des Perses marchaient sur Bagdad comme la tempête. Sur leur chemin, elles détruisaient tout. Le vizir était sans cesse en contact avec ses commandants et établissait avec eux les plans de l’attaque. Un jour, à l’aube, les habitants de Bagdad se réveillèrent dans l’horreur... Des armées assaillaient la ville... Les tambours de la guerre battaient. Ils ne comprirent pas ce qui se passait... Ils accoururent terrorisés, implorant l’aide du Très-Haut et Tout-Puissant. Quand les portes furent ouvertes, les armées envahirent les souks. Les habitants de Bagdad ne savaient pas ce qui se passait. Le sabre fit son travail, la poussière se leva, les âges furent abrégés et le sang coula à flots. On aurait cru que c’était le jour du Jugement dernier. Les cadavres s’entassèrent, les gens furent outragés, les incendies allumés, les maisons ruinées. De Bagdad les gémissements s’élevèrent comme un nuage de poussière et de fumée. »
Le récit de ce passage s’effectue au trot des chevaux et au cliquetis des épées, interrompu par les hurlements. De temps en temps, font irruption quelques-uns de ceux que nous connaissons déjà et qui ont joué le rôle des habitants de Bagdad, ainsi que d’autres : les Hommes 1, 2, 3, et 4 ; les Femmes 1 et 2 ; Yasser et l’un des gardes. Ils entrent tous sur scène en hurlant. Ils miment les coups d’épées reçus... les viols... La femme 2 joue la scène de l’agression qu’elle subit, elle s’effondre, les vêtements déchirés, les jambes écartées. Les corps s’entassent les uns sur les autres devant les clients. Des cadavres et des corps mutilés. Tout en racontant ces événements, le conteur quitte sa chaise et se promène parmi les corps qui s’amoncellent.
LE CONTEUR. - « C’était un jour horrible. Jamais Bagdad n’en avait connu de pareil. La désolation se répandit... La mort se propagea à la vitesse du vent... De nombreuses personnes trouvèrent la mort sans savoir ce qui se passait autour d’elles. Les rues étaient obstruées par les cadavres, les ruines et le reste des blessés. Ce jour-là, la nuit tomba tôt sur Bagdad ; elle était écrasée par les malheurs et les horreurs. L’obscurité se répandit, profonde et pesante, comme si c’était la fin des temps. »
Le silence règne un bon moment puis, l’Homme 4 se lève d’entre les morts et se met près du conteur. Peu après, de l’autre côté de la scène, apparait Zoumourroude. Le conteur lui remet la tête du
82