Page 81 - L'AVENTURE DE JABER

L’Aventure de Jaber
LE CONTEUR. - « Jaber ne savait pas que cet homme qu’on appelait Lahab était le bourreau du roi des Perses. Les bourreaux sont toujours précis. Ils ne laissent rien au hasard et ils n’aiment pas parler. Dès que tous les instruments furent prêts, d’une main de fer, Lahab saisit la tête de Jaber, le mamelouk, la posa sur le socle taché de sang séché. Et, d’un coup sec de sa hache aiguisée, il le décapita. »
Tout cela s’effectue avec de la mimique devant les spectateurs. Le tumulte se répand parmi les clients et les protestations fusent.
CLIENT 2.- C’est quoi ça ?
CLIENT 3.- On lui coupe la tête après tout ce qu’il a fait.
CLIENT 2.- Ce n’est pas possible.
CLIENT 1.- Quelle récompense !
CLIENT 4.- Je vous avais bien dit qu’il pouvait s’attendre au pire ! CLIENT 2.- Nous ne sommes pas d’accord !
CLIENT 1.- C’est une fin injuste.
CLIENT 3.- Il avait dû obtenir ce que son intelligence méritait.
LE CONTEUR, sa voix monte ; il essaie de dominer le brouhaha. - « Quand la tête de Jaber, le mamelouk, roula, Lahab, le bourreau, la porta alors que le sang s’en égouttait. Il la contempla longuement puis il éclata de rire. »
Le bourreau s’avance vers les clients, portant la tête coupée. Il les regarde en ricanant.
CLIENT 2.- Je me réfugie auprès de Dieu !... Quelle tête effrayante ! CLIENT 1.- Il ressemble à Azraël.6
CLIENT 3.- Puisse Dieu te couper la main !
LE BOURREAU, il cesse de s’esclaffer, les fixe de ses yeux vitreux et leur impose silence ; il leur fait peur en mettant la tête entre ses mains et en s’approchant d’eux.
6 Azraël : c’est l’ange de la mort dans certaines traditions hébraïques, musulmanes et sikhs. 80