Page 79 - L'AVENTURE DE JABER

L’Aventure de Jaber
CLIENT 1.- Et Jaber ?
CLIENT 3.- Que lui est-il arrivé ?
LE CONTEUR. - « Jaber ne savait pas qui était cet homme qui le saisissait avec une poignée de fer et le trainait, de vestibule en vestibule, derrière lui indifférent à sa stupeur ou à son effarement jusqu’à ce qu’il atteignit une pièce qui lui parut étrange. Elle était pleine de cravaches, de chaines et de haches. De Lahab lui-même se dégageait une odeur de mort. Chaque fois que Jaber jetait un coup d’œil furtif sur sa face impassible ou qu’il regardait autour de lui, il sentait son cœur sombrer. Le silence était lourd et inquiétant. Jaber tenta de dissiper la crainte ambiante ; il se mit à parler espérant amollir la cruauté de son compagnon ou peut-être comprendre ce qui lui arrivait. »
La salle de Lahab : une pièce étroite et sombre, de couleur foncée comme de la rouille. On y trouve des chaines, des haches et des fouets ainsi qu’un socle de bois massif taché de rouge et de noir. Sur l’un des murs une tête est accrochée. Sur un autre pend un masque horrible. Jaber promène le regard partout dans la pièce et ses traits frissonnent. Il commence à transpirer. Lahab est muet, immobile, sa face est glacée : il parait complètement indifférent.
JABER, il parle sans contrôle. La peur et la stupeur se reflètent dans son regard et sa voix tremble. - Je sais... je sais... C’est vrai que votre pays est loin... mais j’ai entendu de certains explorateurs et voyageurs beaucoup de choses sur vos coutumes. Vous ne laissez pas un visiteur quitter votre beau pays sans l’avoir honoré et sans lui avoir présenté ce que vous possédez comme curiosités et objets rares. Par Dieu ! Je crois avoir aussi entendu parler de cette pièce. Elle a, certes, une histoire effroyable qui fait blanchir les cheveux. (Lahab ne semble pas s’intéresser à lui. Après avoir fermé la porte de la pièce avec le verrou, il se met à préparer quelques outils.) Que d’histoires intéressantes et belles on raconte à Bagdad sur le pays des Perses !... L’eau à la bouche, on parle aussi de vos délicieux plats et de votre générosité, obligeant l’hôte à manger tout ce qu’on lui propose même si son ventre gonfle comme celui d’une femme enceinte... Par Dieu ! Comme je souhaiterais rester longtemps ici, flâner dans votre pays et connaitre vos coutumes !... Ce sont certes des coutumes sans pareilles. (Lahab aiguise
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