Page 77 - L'AVENTURE DE JABER

L’Aventure de Jaber
LE CONTEUR. - « Halaoun sortit et revint avec un rasoir. Et, d’une main pressée par la curiosité, il rasa les cheveux de Jaber. Apparut alors la missive du vizir tracée avec de l’encre indélébile. Le roi Mounkatem lut le message puis le relut pendant que Jaber avait le regard baissé, retenant son souffle et rêvant de rentrer. Le roi murmura à son fils des paroles que personne n’entendit. Alors, Halaoun ressortit du diwan. »
LE ROI, souriant, le ton de sa voix est plein d’hypocrisie. - Nous avons lu la missive, mamelouk. Nous allons exécuter ce que nous demande votre vizir. Dis-moi : est-ce qu’il aime toujours autant priser ?
JABER. - Par Dieu ! Oui, Sire. La tabatière ne quitte jamais sa poche et le meilleur cadeau que vous lui enverrez avec la réponse serait une caisse de tabac persan. Tant qu’il vivra, il n’oubliera pas votre cadeau !
LE ROI. - Nous lui enverrons donc tout ce que le pays des Perses possède comme tabac à priser. Mais es-tu capable de le porter ?
JABER. - Pour mon Sire, le roi, et mon maitre, le vizir, je suis prêt à supporter toutes les difficultés. Mais je souhaite que mon Seigneur ait la bonté de m’autoriser à rentrer rapidement à Bagdad.
LE ROI. - Tu aimes à ce point-là Bagdad ?
JABER. - Il y a là-bas des personnes qui m’attendent.
Halaoun entre accompagné de Lahab. C’est un homme corpulent, chauve, avec une moustache touffue et un visage affreux et impassible.
LE ROI, avec un sourire hypocrite. - Lahab ! Emmène-le donc à Bagdad. LAHAB, faisant une légère révérence qui ne cache pas sa brutalité. - J’écoute et j’obéis, Sire.
JABER, perplexe. - Sire !... Mais je...
Lahab le saisit brutalement par le bras et le traine derrière lui. Jaber est effaré, il ne sait quoi dire. Restent dans le diwan le roi et son fils.
LE ROI. - Halaoun ! Le vent est favorable maintenant pour marcher sur Bagdad.
HALAOUN. - J’attends ce vent depuis longtemps. Dois-je apprêter l’armée ? LE ROI. - Tu parais impatient de faire la guerre !
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