Page 75 - L'AVENTURE DE JABER
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L’Aventure de Jaber
HOMME 2.- Seigneur, délivre-nous ! Nous trouvons à peine de quoi manger. Comment pourrons-nous payer l’impôt ? Tu as dit qu’ils font le tour des maisons ?
FEMME 1, en pleurant. - Toutes les maisons. Ils les ratissent l’une après l’autre.
HOMME 2, il sursaute et part.- Ils sont certainement arrivés chez moi. Ah ! Mon Dieu, délivre-nous ! Ah ! Mon Dieu... (Et il disparait.)
FEMME 1.- Et maintenant, que vais-je faire ? Comment vais-je nourrir mes petits ? Où aller mendier la bouchée de pain pour ne pas mourir de faim ? (Puis, en pleurant.) Seigneur ! Qu’est-ce que nous avons fait ?
HOMME 3, en soupirant, puis il part à son tour. - Qu’allons-nous faire ? Nous patienterons car Dieu est avec ceux qui ont de la patience.
HOMME 4.- Ce n’est que le début. Par la Vérité divine ! Je vois qu’on nous écorche la peau. Ce qui adviendra après sera encore pire.
HOMME 3, avec aigreur, avant de partir. - Que vous soyez écorché ou non, que pourrons-nous faire ?
HOMME 4.- Au moins ce que je sais c’est ce que tout ça, comme vous le voyez, ne nous mène à rien.
HOMME 3.- Mais, vous qui faites le fanfaron, dites-moi un peu : l’œil peut-il résister au poinçon ?
HOMME 4.- Par la Vérité divine ! C’est possible.
HOMME 3.- Oui... Quand on est aveugle. (Il part.)
HOMME 4, il le regarde tristement. - C’est ce que vous dites. Ce qui adviendra sera certainement pire.
FEMME 1.- Et maintenant ? Il ne nous reste plus rien...
HOMME 4, il se lève à son tour. - À part pleurer et attendre comme les autres. (Il part ; la femme le suit en pleurant.)
LE CONTEUR. - «Après beaucoup de peines et de périls, Jaber, le mamelouk, arriva au pays des Perses. Comme il était très impatient de rentrer, il ne sentait ni la fatigue ni les difficultés de la route. Il se dirigea sur- le-champ vers le palais du roi Mounkatem et demanda à être reçu par lui. Il se disait : “ Quand je sortirai de ce palais, je serai un homme important. ” Il fut conduit de garde en garde, dans les galeries d’un palais sinueux comme un labyrinthe jusqu’au diwan du roi dont l’autorité faisait trembler les cœurs et flageoler les jambes des plus valeureux. »
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