Page 73 - L'AVENTURE DE JABER

L’Aventure de Jaber
CLIENT 4.- Les pauvres ! Ils sont toujours comme le sourd dans un concert.
LE CONTEUR. - « Ils imploraient Dieu et se tapissaient chez eux, craintifs, patientant, la gorge nouée par la peur et les boyaux tenaillés par la faim. Et par-dessus tout cela, les gardes se mirent à envahir les maisons pour arracher une contribution exceptionnelle pour le calife. »
Apparaissent l’Homme 2 et l’Homme 3 des habitants de Bagdad ; arrive ensuite l’Homme 4 ; il s’assoit près d’eux, tranquille comme d’habitude, la tristesse règne sur son visage.
HOMME 2, un instant après. - Cette fois-ci, c’en est trop !
HOMME 3.- C’en est trop et la vie est devenue difficile.
HOMME 2.- De toute façon, les astrologues ont prédit que cette année serait dure pour le peuple.
HOMME 3.- Ô mon Dieu, le Clément, le Miséricordieux !
HOMME 4, du même ton calme. - Par la Vérité divine ! Ce que nous avons vu n’est rien par rapport à ce que nous verrons. Les jours nous cachent de mauvaises surprises.
HOMME 2.- Vous vous occupez aussi d’astrologie ?
HOMME4.- Moi? Je n’ai jamais prêté attention à ce que disent les astrologues mais j’essaie, autant que je peux, de voir et d’écouter. Les signes avant-coureurs sont nombreux autour de nous pour celui qui veut voir ! HOMME 3.- Monsieur, qu’on voie ou qu’on ne voie pas, l’essentiel est que cette épreuve se termine et qu’on ait la paix !
HOMME 4.- Par la Vérité divine ! La fin ne sera pas aussi facile que nous le souhaitons. Le vizir a manigancé quelque chose de terrible, à ce qu’il parait, et les armées des provinces vont marcher sur Bagdad dévorant sur leur chemin tout ce qui est vert et tout ce qui est sec. Chacun d’eux tisse son filet pour attraper l’autre et nous n’avons devant nous que de mauvaises surprises. HOMME 3.- Qu’ils tissent et qu’ils manigancent à leur guise. C’est leur affaire. Quant à nous, nous ne demandons que le salut.
HOMME 2.- Le salut et la stabilité de la situation.
HOMME 3.- N’importe quelle situation. Qu’ils s’entendent une fois pour toutes ou que l’un l’emporte sur l’autre.
HOMME 2.- L’essentiel est qu’on en finisse. Le premier n’est pas notre père et le second n’est pas notre frère.
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