Page 104 - Afrique Foncier juillet 2020
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Burkina Faso
Dramani OUEDRAOGO, Coordonnateur Konrad-Adenauer-Stiftung au
Burkina Faso
«Le vrai défi c’est l’adéquation entre la mise en œuvre
du droit d’accès et la valorisation de la terre»
de permettre à ces femmes de pouvoir posséder
la terre qui va lui permettre d’être un gage pour
aller vers des institutions de micro finance, des
institutions bancaires afin d’avoir les moyens qu’il
faut pour développer son affaire.
Le projet a essayé de résoudre cette équation.
En amont, on s’est rendu compte que la plupart
des femmes ne connaissaient pas leur droit. Le
projet a voulu dès le début éclairer ou solutionner
ce problème. La démarche était d’amener les
gens à comprendre que la femme est une actrice
de développement et que sur ce cas, il faut lui
permettre de participer à coté de l’homme.
Quels sont les défis à relever selon vous ?
Dans la mise en œuvre de ce projet nous avons
beaucoup renforcer les capacités des femmes
Quel est le contexte de mise en place du bénéficiaires. Après les femmes vous savez que
Projet de la Konrad-Adenauer-stiftung au la gestion du foncier en milieu rural revient aux
Burkina Faso ? collectivités territoriales. Dans le cadre de la
Rappelons le contexte dans lequel la sous-région décentralisation, nous leur avons aussi donné
évolue. En matière de texte le Burkina dispose de des notions essentielles. Nous avons élaboré des
bons textes sur tous les plans en ce qui concerne chartes foncières dans les communes où nous
la sécurisation foncière. On s’est rendu compte à intervenons. Nous avons également participé à des
l’initiative du projet que les textes sont là. Nous renforcements de capacités de tous les acteurs à
évoluons beaucoup sous l’aspect coutumier et cela savoir les services techniques ou les coutumiers
fait que la femme ne peut pas hériter de la terre eux-mêmes, les religieux et même au niveau
sinon même qu’elle est un instrument hérité dans provincial et régional nous avons pratiquement
le contexte traditionnel. Quand on dit que le chef impliqué tout le monde. Nous leur avons poser le
de ménage a une grande exploitation, cela veut problème et dire de quoi il s’agit. La question est
dire qu’il est peut-être polygame avec beaucoup comment on valorise la terre parce qu’avant la
plus d’enfants. Nous nous sommes rendus compte terre avait une valeur culturelle mais elle n’avait
que ce sont des femmes en réalité qui travaillent pas d’importance économique. Depuis plus d’une
et les hommes ont le nom. Nous sommes dans dizaine d’années, on monnaie la terre pour se faire
un contexte où on veut développer le genre et de l’argent. Quand on monnaie la terre ce sont les
quand on parle du genre il y a la femme, les jeunes femmes et les enfants qui en pâtissent.
et les enfants. C’est à dire les personnes les plus
vulnérables. Un peu partout l’Etat, fait des efforts A ce jour, nous avons fait la production intellectuelle,
pour pouvoir sécuriser le foncier. Sécuriser le nous avons des renforcements de capacité,
foncier est différent de l’usage du foncier. La femme nous avons élaboré des chartes. Le vrai défi c’est
a toujours eu accès à la terre de part son mari ou l’adéquation entre la mise en œuvre du droit
même dans sa famille mais, le droit d’accès qui d’accès et la valorisation de cette terre. Comment
lui permet d’avoir le document physique n’existe financer les activités agricoles ?
pas. C’est pourquoi le projet a dit : nous allons
essayer en tout cas dans le contexte du Burkina Le 2ème défi c’est, comment accompagner
tirant des expériences passées dans d’autres pays la femme pour quelle puisse avoir toutes les
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