Page 58 - TAJAN Paris, Japanese and Korean Art, TWO Great auctions. Sept. 29-30, 2022
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            SUITE DE HUIT PEINTURES VERTICALES
            en couleurs sur papier, représentant les huit patriarches de l'école du   NOTE
            bouddhisme ésotérique Shingon, chaque patriarche reconnaissable à   Ces  portraits  étaient  vraisemblablement  exposés  dans  la  salle  de  lecture
            son attribut ou sa une posture, figuré assis en méditation sur une petite   des sûtras, afin de rappeler aux élèves l'importance du lien maître-disciple,
            banquette carrée, ses chaussures au sol devant lui, certains avec un   base  du  bouddhisme  ésotérique.  Ces  huit  portraits  mettent  en  évidence
            vase ou une aiguière posée à côté. Les portraits sont surmontés de   les  fondateurs  directs  et  les  maîtres  à  penser  de  la  tradition,  insistant  la
            deux petites peintures figurant respectivement un paysage et un pin   continuité de la doctrine, arrivée de l'Inde au Japon, par la Chine.
            stylisé.
            Les  patriarches  sont  les  suivants  (cf.  en  suivant  les  illustrations  du   La lignée  directe  des patriarches  de  l'école  Shingon remonte  au  moine
            catalogue, de gauche à droite et de haut en bas) :  bouddhiste  indien  Shubhakarasimha  (637-735),  maître  du  bouddhisme
            Kûkai (Kôbô-Daishi) ; Ryûchi-Bosatsu (Nagabodhi) ; Keika-Ajari (Huiguo) ;   ésotérique, qui arrive en Chine vers 716 et traduit le Mahâvairocana Sûtra.
            Yi  Xing ;  Zenmui  (Shubhakarasimha) ;  Kongôchi-Sanzô  (Vajrabodhi) ;   Elle se poursuit avec le maître Chan chinois, Yi Xing (683-727), considéré
            Fukûkongô-Sanzô (Amoghavajra) ; Ryûjû-Bosatsu (Nâgârjuna)  comme le plus éminent des élèves de Shubhakarasimha, puis avec un autre
            (Marouflées sur toile et fixées sur un cadre en bois ; usures, craquelures   moine chinois, Huiguo (746-805), disciple de Yixing et maître de Kûkai (774-
            et petites lacunes, restaurations)                 835), ce dernier, fondateur de l'école Shingon.
            Japon, période Muromachi, XVI  siècle.             En  parallèle,  Vajrabodhi  (670-741)  et  son  élève  Amoghavajra  (705-775),
                                 e
            RARE EIGHT VERTICAL PAINTINGS, COLOURS ON PAPER, PATRIARCHS   arrivés d'Inde peu après Shubhakarasimha, jouèrent un rôle prépondérant
            OF  THE BUDDHIST SCHOOL,  JAPAN, MUROMACHI  PERIOD,   pour la consolidation du bouddhisme dans la Chine des Tang.
            16  CENTURY.                                       Le second, Amoghavajra, fut un autre maître de Huiguo
              TH
            30 000/40 000 €                                    Le premier aurait, quant à lui, reçu son enseignement de Nagabodhi (dates
                                                               incertaines),  qui  aurait  vécu  plusieurs  centaines  d'années  et  aurait  lui-
            EXPOSITION                                         même été formé par Nâgârjuna (environ 150-250), un des fondateurs du
            "From  the  Land  of  Asia,  the  Sam  and  Myrna  Myers  Collection",  Cité   bouddhisme ésotérique, auquel on attribue plusieurs centaines d'ouvrages
            d'Archéologie et d'Histoire Montréal, 17 nov. 2016-19 mars 2017 et Kimbell   en  sanskrit.  Celui-ci  aurait  été  un  des  premiers  abbés  du  monastère  de
                                                                                  e
            Art Museum, Fort Worth, Texas, 4 mars-19 août 2018.  Nâlandâ, qui fut, du IVe au IX  siècle le plus grand centre d'enseignement
                                                               du  bouddhisme  en  Asie,  avec  un  rayonnement  inégalé  par  la  suite.
            PUBLICATION                                        Shubhakarasimha, lui-même, y étudia.
            Desroches (J.-P.), ed., Two Americans in Paris, A Quest for Asian Art, éditions   Ainsi, lorsque Kukai, rapporte de Chine en 806 et dépose au Tô-ji, temple
            Lienart, Paris 2016, pl. 226, p. 128-129.          au sud de Kyôto, les portraits des cinq premiers patriarches, tous d'origine
                                                               indienne, réunit-il deux lignées en une, la faisant remonter quasiment aux
                                                               origines du bouddhisme. Les trois autres patriarches, les deux Chinois, Yixing
                                                               et Huiguo, et Kûkai, furent rajoutés par la suite.






















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