Page 73 - 2019 June 10 Asian Art Tajan Paris Auction
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Ω 177 - PLAQUE D'ÉCRAN RECTANGULAIRE Ils en adoptent d’ailleurs les principes de composition ancestraux en allant
en jade néphrite blanc céladonné, à décor, sculpté en léger relief sur une même jusqu’à suggérer des effets de perspective dans des plaques de
face, d'un paysage de montagne et d'eau animé de trois personnages jade d’épaisseur le plus souvent modeste. Notre écran de lettré est un très
cultivant le riz, l'un traçant des sillons au moyen d'une araire tractée par un bel exemple de la fortune artistique des tableaux en jade qui fleurissent
buffle, et, au premier plan, d'une femme portant au moyen d'un joug deux à partir du règne de Qianlong. Au moyen de sa composition savante, il
baquets emplis de victuailles, suivie d'un enfant, le haut de la plaque finement illustre le thème classique et fort apprécié de la culture du riz. En Chine, les
gravé d'un poème extrait du "Yu Zhi Shi". L'autre face sculptée, en moins haut céréales ou les graines font en général allusion aux enfants et à la fertilité.
relief que la première, des berges ombragées d'un cours d'eau surmontées
de nuées stylisées.
(Quelques infimes égrenures).
e
Chine, dynastie Qing, XIX siècle.
AN INSCRIBED JADE PLAQUE, CHINA, QING DYNASTY, 19 CENTURY.
TH
DIM. 12,5 X 21,5 CM (4 15/16 X 8 7/16 IN.)
20 000/40 000 €
PROVENANCE
Collection particulière, France.
NOTE
La transposition d’une peinture dans le jade constitue l’un des sommets de l’art des lapidaires de
la dynastie Qing. À Pékin, dans l’atelier impérial, l’ingéniosité des artisans s’exprime dans des
compositions parfois monumentales qui puisent leur inspiration dans les peintures de paysage
des grands maîtres classiques. Les écrans de table yutuhua, que l’on traduit littéralement par
"tableaux en jade", autant que les montagnes miniatures shanzi participent de ce même
contexte. Posés sur une table comme des objets de contemplation, ils permettent aux lettrés,
qui apparaissent au regard de l’histoire chinoise comme les garants de la civilisation, d’entrer
en communion avec la nature et d’échapper à la trivialité du quotidien. L’engouement des
lettrés pour les jardins s’inscrit dans le sillage des six visites que l’empereur Qianlong fait dans
le sud de la Chine au milieu du XVIII siècle. Ainsi, les descriptions et les représentations de
e
ces voyages inspirent-elles, dans toutes les régions de la Chine, la création de jardins suivant
le modèle de ceux de Suzhou et de Yangzhou. Elles vont, dans le même temps, provoquer la
mise au point des jades, dits "paysagers", c'est-à-dire d’inspiration picturale. À l’instar des pots
à pinceaux bitong en bambou sculpté, particulièrement appréciés par les lettrés de la dynastie
Ming, ce type de jades sont conçus à la manière des peintures en rouleau de format horizontal.
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