Page 74 - Miettes
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Nouvelle crise, Eileen se roule par terre, hurle, tape des pieds et
des bras sur le sol.
Je lui demande de se calmer.
Elle me répond :
« Je peux pas j’arrive pas à être sage ! »
Cela a été notre quotidien durant plusieurs années. Des colères,
des cris, des pleurs.
Je ne pouvais la prendre dans les bras, la câliner, la serrer,
l’embrasser, la dorloter. Mon enfant était aspiré dans des abysses
de souffrance dont je ne parvenais pas à l’extirper.
Il n’y avait que tristesse, dégout d’elle-même, souffrance.
Le travail thérapeutique donnait des résultats mais sur un très long
terme, et mon rapport à mon enfant se construisaient en dehors
de l’enceinte fortifiée qu’elle s’était bâtie. Je ne pouvais pénétrer
son cœur. La plupart de mes tendres et affectueuses tentatives
rebondissaient sur un blindage infranchissable, dont la côte de
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