Page 63 - L'OR Magazine /10 ANS
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Numéro 26
Printemps 2022/Saison 8/Episode 26
Maguelone
deuxième église après Rome
Après que le Comte Pierre de Melgueil eût placé son comté sous la protections de la papauté, le pape URBAIN II (qui lança les premières croisades) proclame en 1096 l’église comme «la seconde après Rome» et lui accorde les armes pontificales avec tous les privilèges et avantages qui s’y rattachent.
D’origine volcanique et habitée dès l’Antiquité, la petite île de Maguelone, «Insula Magalona», se dressait à l’origine au milieu de l’étang dit de Lattes. Les recherches archéologiques témoignent de son occupation depuis l’âge du bronze. Puis à partir du IIè s av. JC, une occupation plus régulière en son point le plus haut.
Au VIIIè s, suite à l’occupation musulmane, Charles Martel la fait détruire et l’île ne retrouvera de véritable activité qu’au XI ème .C’est ainsi qu’à partir du XII ème, Maguelone tient lieu de refuge aux pontifiés de Rome en proie aux factions. Elle retrouve une nouvelle cathédrale, plus vaste, avec cloître et logis pour recevoir avec hospitalité ces occupants de haut rang.
L’évêque Jean de Montlaur, grand protecteur de l’Université de Montpellier inspira à Guilhem VIII la liberté d’enseignement, sans aucune restriction. Par décision papale, il est même déclaré que « Nul ne pourra enseigner à Montpellier qu’il ne soit approuvé par Monseigneur l’évêque ».
Saint Louis en personne précisa que le serment des candidats à l’enseignement serait prononcé devant l’évêque qui conservera son autorité sur les facultés de droit, des Arts, des Lettres et des Sciences
Maguelone, seul siège épiscopal établi sur une île le rend éloigné de ses paroisses, ce qui aboutit à la désertification (au profit de Substantion durant plus de 3 siècles) Le premier archéologue et chercheur à avoir réalisé des études à ce sujet est Frédéric FABRÈGE. C’est à partir de ses fouilles de 1815, que des archives détaillées et publiées prennent jour.
Il détailla et cota murs et enceintes, chemins, églises, fontaines fondations, portails, sépultures, tombeaux, sarcophages...A ce titre, l’une des plus anciennes sépultures localisées est celle de l’Evèque Arnaud (fondateur) décédé en 1060, déplacée dans la Chapelle.
Les recherches de l’historien révèlent que bien des corps se trouvent enterrés dans l’édifice religieux, bien que l’église le combattait.
Les plus anciennes pierres tombales appartiennent au XIVè siècle et sont situées dans le choeur. Elles sont sans signes ostentatoires religieux afin probablement de ne pas attirer les foudres des protestants en cas d’incursion. Les corps y étaient déposés, seulement vêtus d’un linceul et de la façon la plus humble qui soit.
Le Pogrom d’Aigues-Mortes
Les 16 et 17 Août 1893, le plus sanglant massacre xénophobe de l’histoire de France contemporaine eût lieu à Aigues-Mortes. Retour sur des faits «oubliés», voire effacés
Crise économique, misère sociale, exploitation ouvrière, politique du moins disant, La Compagnie des Salins du Midi crée les conditions d’une poudrière, qui ne manquera pas d’exploser et soulever un raz de marée européen.
La Compagnie des Salins du Midi qui détient le quasi monopole de l’exploitation du sel à Aigues -Mortes, recrute sans cesse une main d’oeuvre corvéable qu’elle va chercher de plus en plus loin. Nombre d’entre elle vient des Cévennes et d’Ardèche, on les appelle les «Montagnards». Une autre partie est issue d’une population de vagabonds sans statut social, le plus souvent rejetée et très mal vue, «les Trimards».
Mais pour ce genre de travail pénible, aux conditions presque inhumaines, il faut des hommes robustes, durs à la tâche et rompus aux chaleurs infernales. Les italiens ou plutôt les Piémontais qui fuient une misère encore plus grande, sont une manne pour la Compagnie.
C’est pourquoi, forts de leur rudesse au travail et au soleil, payés à la tâche, acceptant des conditions extrêmes etétant les seuls à pouvoir suivre le rythme, ils sont bien plus rentables que les Aigues-Mortais ou autres travailleurs français.
Certains y voient même une provocation. Alors il suffit que quelques «ritals» se moquent d’eux.... et les esprits s’échauffent! Alors, quand un italien, excédé par les insultes et autres provocations va, comme par défis, tremper sa chemise pleine de sel dans la barrique d’eau des trimards...c’est la goutte d’eau!
La colère monte, la provocation ouverte tant attendue arrive et le drame commence. C’est de cette rixe au marais de la «Fangousse» et dans les marais de Peccais que débutera une persécution éclair dont le retentissement sera mondial.
Dès que l’on à vent de ces incidents en Italie la colère monte et l’on fustige la France et la presse anglaise et allemande ne manque pas de relater ce massacre. Le lendemain, le 17 août, vers 10h et au cris de «La Chasse à l’ours est ouvert» lancé par un habitant de la ville, une journée entière d’exactions, de meurtres commence sous les yeux des Aigues-Mortais dont une poignée abritera en faisant preuve d’humanité, quelques Piémontais. Gestes isolés qui ne peuvent faire oublier la sauvagerie xénophobe du moment. Pour disculper la Compagnie des Salins, le maire et les forces de l’ordre, la justice modifie les actes d’accusation et transfert le procès à Angoulème, avec ...un acquittement général!
L’histoire est depuis amnésique à ce sujet ...
Quand Molière
séjourna à Montpellier
Molière séjourne une première fois à Montpellier durant l’hiver 1653-1654, sous la protection et les largesses du Prince de Conti. Il y fera un second séjour lors des états du Languedoc de décembre 1654 à mars 1655.
Molière séjourne donc une première fois à Montpellier durant l’hiver 1653-1654, invité du Prince de Conti qui vient présider des Etats de Languedoc. Conti fait son entrée à Montpellier au son des coups de canons de la Citadelle le 10 novembre 1653. Il y est accueilli, avec son compagnon par le comte d’Aubijoux, gouverneur de la ville et lui aussi mécène de Molière. Conti réside alors chez le comte à l’hôtel de Montpeyroux. C’est dans cette demeure, localisée peut-être place Chabaneau, que Molière et sa troupe ont dû se produire lors des fêtes organisées dans le cadre des Etats de la Province.
Durant ses Etats de Languedoc qui se déroulent de décembre 1654 à mars 1655, Molière fait un second séjour à Montpellier. Le prince de Conti prend alors ses quartiers à l’hôtel de Girard, trésorier de France, rue Montpelliéret. Cet hôtel particulier, aujourd’hui disparu, se situait à l’emplacement de l’actuel musée Fabre, dans la partie de l’ancien hôtel de Massilian. Molière crée à cette occasion avec les Béjart, le «Ballet des Incompatibles», joué et dansé devant le prince pour le carnaval de 1655. Ce divertissement est tellement plaisant et original qu’on en imprime le livret à Montpellier la même année. L’œuvre est anonyme, mais reconnue comme la première pièce publiée de Molière.
Avec la salle Molière au théâtre, c’est le seul monument dédié à la mémoire de cette illustre personnalité à Montpellier.
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