Page 80 - L'OR Magazine /10 ANS
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CULTURE & IDENTITÉ
Un hommage sans cesse renouvelé et renforcé à la culture espagnole, aux traditions qui ont participé à la construction de l’identité de la Ville de Mauguio Carnon.
Une plongée au cœur de la culture espagnole, un week-end aux couleurs de l’Espagne, Mauguio Carnon met l’Espagne à l’honneur... Autant d’expressions qui, chaque année, introduisent l’ouverture de la Romería del Encuentro.
Cette manifestation, désormais incontournable dans l’événementiel régional, vivra sa 36e édition cette année. Au-delà d’un simple événement, la Romería est aujourd’hui une véritable tradition, célébrant la culture espagnole, symbole de la fête familiale et populaire.
Mauguio Carnon est telle une petite Espagne, qui connait une immigration espagnole depuis le XIXe siècle. A la faveur du développement de l’agriculture et de la viticulture, la ville a besoin de main d’œuvre.
Ce besoin est renforcé dans les années 1870 – 1880 à la suite d’une épidémie de phylloxéra. Il faut reconstruire et agrandir rapidement les vignobles. Cela se traduit par un appel
aux populations auvergnates, cévenoles mais aussi aux saisonniers espagnols et italiens. Les familles se logent modestement dans les mas, chez les propriétaires ou chez leurs propres familles déjà
installées.
Cette immigration se poursuit pour des raisons
politiques lorsqu’il s’agit de fuir le régime de Franco. Dans les années 1970, 40 % de la population est d’origine espagnole.
La majorité des migrants venus s’installer à Mauguio est originaire de Lorca, située dans la province de Murcia, avec laquelle Mauguio Carnon est jumelée depuis 1999. Aujourd’hui, le lien avec l’Espagne est encore fort dans de nombreuses familles melgoriennes
d’origine espagnole.
En 1989 nait la première édition de la
Romería del Encuentro.
Plus d’un siècle après les premières
arrivées sur le sol melgorien, une fête est organisée pour célébrer la culture espagnole. Cette naissance s’explique par la conjonction d’aspirations diverses. La rencontre des volontés de la municipalité et d’associations, d’habitants, enfants et petits-enfants d’immigrés souhaitant démontrer l’intensité de cette culture et son maintienautraversdesdifférentesgénérations. Tout est prêt pour que la Romería apparaisse. Une journée d’octobre 1989. Festival taurin, messe
flamenca, concours de paellas, sévillanes, casetas...
Les ingrédients qui fondent cette fête pour tous, dans la rue, appelant à la rencontre et au mélange. Del encuentro, de la rencontre, le mélange des cultures vivant dans la même ville, la fraternité inter-culturelle. Le concert de Manolo Escobar est un succès qui rassemble plusieurs milliers de personnes, certaines communautés espagnoles viennent de Pau et d’au-delà pour y assister.
35 autres éditions se succèderont alors, sur 3 jours désormais en juin, parfois en mai.
Toutes répondront à cette volonté partagée des acteurs et organisateurs de donner une dimension culturelle à l’événement, de se distinguer d’une feria.
Il s’agit de s’appuyer sur le sens du mot Romería, fête d’un jour qu’un peuple célèbre à un endroit sacré, de préférence peu éloigné de la ville où l’on écoute la messe, on mange et on se livre à des réjouissances, des comédies, des courses de taureaux pour enfin entrer en ville le soir même.
L’authenticité demeure un des axes d’existence de cette fête au fil des ans, dans la musique, la nourriture, la danse, les spectacles tauromachiques ou équestres, au gré de la déambulation dans les rues du public paré pour l’occasion de vêtements espagnols.
Authenticité renforcée par 35 années de co- construction entre la municipalité et des acteurs locaux incontournables : le cercle taurin Toros y Toreros avec ses fondateurs Gilles Vangelisti et Daniel Gimenez, André Mireval, Jacques Aubergy, Alain Marin, Imma Martinez ....
Tous favorisant l’expression d’une culture espagnole venue de Lorca mais également d’Andalousie appelant au partage et à la découverte.
Au fil des ans, la Romeria crée son histoire à la faveur, par exemple, des affiches symbolisant chacune une époque, un regard artistique sur cette fête. Une collection picturale prisée par beaucoup.
Pour perdurer, l’événement s’adapte et se renouvelle. En 2003, la procession fait son apparition en rassemblant calèches et costumés pour un défilé chatoyant, en musique, portant la Viergen de las huertas, vierge des champs, rendant hommage à l’histoire agricole de la ville et de la population immigrée espagnole.
Les associations locales s’investissent pour faire vivre cette fête au sein des casetas ou au gré d’animations dans la ville.
Exposition, spectacle de recortadores, contes, conférences, scènes ouvertes, spectacles de flamenco sur la Place de la Libération dévoilent cette diversité d’expressions culturelles et s’emparent de toute la ville.
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