Page 20 - Elixyria NEWS privacy - Numero 1
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J’ouvre les yeux pour me retrouver aux côtés d’un loup brun magnifique.
Couché sur le flanc, il me regarde calmement malgré la douleur que je lis
dans ses yeux. Quelque chose dans son regard me perturbe, sans doute
cette façon qu’il a de me fixer, trop intensément pour un animal aussi
sauvage.
Comme hypnotisée, j’avance très doucement ma main gauche. L’air fait de
la buée lorsque j’expire, je sens les aiguilles des pins qui poussent aux
abords de la route s’enfoncer dans mes genoux posés au sol tandis que
l’odeur musquée du loup m’enveloppe complètement. À ma grande
surprise, la bête ne bouge pas quand mes doigts se posent sur son pelage.
Elle continue simplement à river son regard au mien. J’examine
doucement ses pattes, puis ses hanches, lui arrachant un petit
geignement. Je suspends immédiatement mon geste. L’animal ne bouge
pas. Contrairement à ce que voudrait la situation, il reste tranquille, son
flanc se soulevant au rythme rapide de sa respiration.
Tout à coup, ses oreilles se dressent, je sens tout son corps se tendre
comme un arc. Il se relève d’un bond, se place devant moi, ramassé sur
ses pattes. Le stress, notre proximité et la peur me coupent le souffle, je
n’ose plus bouger un orteil. Là, à genoux dans l’herbe du bas-côté, je
guette ce qui a bien pu produire une réaction pareille chez le canidé
quand surgit devant lui un énorme loup noir, bien plus imposant que le
pauvre blessé.
Le brun grogne et montre les dents tout en reculant jusqu’à n’être plus
qu’à une dizaine de centimètres de mon corps. L’énorme intrus rugit de
plus belle, semble vouloir contourner mon protecteur. Ce n’est qu’au
dernier moment, que mon pauvre ami comprend son erreur et essaie en
vain d’esquiver le coup de dents que son ennemi lui assène dans la cuisse,
l’envoyant par la même occasion sur le côté.