Page 6 - Dossier_production_Série_Givry
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Tous les Ivryens sont marginaux !
J’en ai eu la certitude après avoir quitté Ivry, et par la même occasion, mis un point final
à toute une tranche de vie. J’y ai vécu 29 années sur 33. J’y étais bien, entre autres par
le fait de ne m’être jamais posé la question, comme une évidence naturelle.
C’est mon départ d’Ivry qui a fait naître en moi l’idée de peindre bien plus qu’une ville,
bien plus que des souvenirs. En quittant cet endroit, j’ai eu l’impression de quitter une
bulle, un microcosme de ce qui pourrait rester d’humanité, pour me plonger dans la
violente réalité de la vie. Ivry est une ancienne cité ouvrière au passé communiste très
marqué, et au présent toujours très revendicateur.
Étant un pur produit ivryen depuis des générations, j’ai toujours vécu dans une
ambiance très politisée, sans pour autant l’être beaucoup moi-même…
C’est une des facettes d’Ivry que j’aime tourner en dérision, tout en sachant qu’elle fait
partie intégrante de cette ville pour laquelle j’ai un profond attachement.
Ivry, c’est la beauté là où on ne l’attend pas : de prime abord, c’est plutôt gris et
moche : dans les parcs, même les jeux pour enfants ont l’air agressifs ! Et pourtant, c’est
de cette apparente laideur que j’aimerais tirer quelque chose de poétique et de sincère.
J’ai cette même ambivalence pour mes personnages (tous inspirés de personnes
existantes) à l’égard desquels nous retrouverons cette tendresse mêlée de dérision : en
apparence, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, mais au fur et à mesure que nous
apprendrons à les connaître, ces loosers finiront par devenir attachants !
J’ai décidé d’écrire Givry, car j’ai eu le sentiment que ce que j’y avais vécu était
caractéristique de cet endroit, que la ville en elle-même faisait partie intégrante de mon
histoire, que les ivryens sont indissociables d’Ivry.
J’aime cette architecture improbable, j’aime ce côté village, où l’on croise toujours des
visages familiers, mais par-dessus tout, j’aime les Ivryens que j’y ai connu.
Après avoir travaillé sur un premier jet, essentiellement basé sur mes souvenirs,
j’ai senti que mon écriture avait besoin de quelque chose de neuf pour avancer.
C’est en la personne d’Alexia que Givry a trouvé un second souffle. Après s’être
approprié mon monde, nous en avons fait le nôtre. Elle y a apporté cette fraîcheur si
caractéristique de sa personnalité.
Le personnage principal de Titi était à la base un personnage autobiographique.
Alexia lui ressemble beaucoup. À nous deux, et avec nos dix ans d’écart, nous sommes
Titi.
Dix ans d’écart, et pourtant, les mêmes délires, les mêmes références.
Probablement des choses qui traversent les générations et qui nous inspirent : South Park
pour son côté politiquement incorrect, Malcom pour les interventions du narrateur, le
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