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HISTOIRE
En pleine montée des tensions politiques et marque l ’ apogée de sa détermination
face à la montée du fascisme, Germaine Ber- radicale.
ton se positionne en radicale. Initialement, elle
L ’ arrestation, le procès et l ’
envisageait d ’ assassiner Léo Daudet, l ’ une
interprétation politique d ’ un geste
des figures de l ’ Action française, afin de dé-
noncer ce qu ’ elle percevait comme l ’ L ’ enquête et la mise en examen
incarnation d ’ un système oppressif. Ne par- Suite à l ’ assassinat, l’ a ction des autorités
venant pas à le rencontrer, elle choisit de ci- est rapide. Les multiples témoignages et la
bler Marius Plateau, secrétaire général des présence de l ’ arme enfumée rendent l ’
Camelots du Roi et porte-parole d ’ un courant évidence du geste politique pratiqué par Ger-
conservateur et monarchiste. maine Berton. Immédiatement arrêtée, elle est
confrontée à une enquête qui ne laisse subsis-
Le jour décisif : le 22 janvier 1923
Ce jour-là, lors d ’ un entretien apparemment ter aucun doute sur la nature préméditée de
cordiale dans les locaux de l ’ Action françai- son attentat.
se, Germaine Berton réalise son acte. Le procès controversé Organisé en décembre
Sans crier gare, elle sort de son sac un pisto- 1923, le procès de Germaine Berton se trans-
let automatique et tire plusieurs coups de feu forme en véritable affaire politique. Défendue
sur Marius Plateau. Puis, dans un geste au- par l ’ avocat Henry Torrès, elle ne cache rien
tant théâtral que symbolique, elle se tire une de ses actes au contraire, elle les assume
balle dans la poitrine, déclarant ainsi haut et pleinement en les justifiant par son engage-
fort sa responsabilité en affirmant : « Si je ment révolutionnaire. La procédure, fortement
meurs, vous direz à mes camarades que j ’ a i médiatisée, soulève encore aujourd ’ hui des
fait mon devoir ». Cet acte, revendiqué com- interrogations sur la manière dont la justice de
me une vengeance politique pour honorer la l ’ époque traitait les actes violents motivés
mémoire de figures comme Jean Jaurès et par des convictions politiques. Finalement,
protester contre l ’ occupation de la Ruhr, son acquittement, malgré l ’ accumulation des
preuves, contribue à alimenter le débat sur l’
impunité dont pouvaient bénéficier certains
militants radicalisés.
Les dernières années et l ’ héritage
d ’ une vie de lutte
Une postérité ambivalente Après son procès,
Germaine Berton continue de vivre dans la