Page 23 - Luigi Pericle_Le maitre secret
P. 23

L’art de Luigi Pericle est une sorte d’art votif moderne : au verso de nombreuses œuvres figure l’inscription Matri Dei d.d.d. (Matri Dei dono dedit dedicavit), que l’on retrouvait anciennement assez souvent dans les œuvres. L’acronyme, fruit des intérêts théosophiques et ésotériques de l’artiste, renvoie à une dimension spirituelle, suggérant que toute son activité provient et s’inspire d’une entité supérieure. On notera d’ailleurs que dans le livre Le Yoga de l’Art de Charles Vachot (éd. Paul Derain, Lyon 1951) retrouvé dans sa bibliothèque, Luigi Pericle a souligné le passage suivant : « L’art est donc préparation à la contemplation de la Beauté suprême (...). L’art est associé à la connaissance ». L’exposition présentera les œuvres sur toile et sur masonite de l’artiste, peuplées de figures qui reflètent un mysticisme profond, et les cartes couvertes de signes apparemment tracés d’un geste informel, mais qui sont en réalité l’aboutissement de ses pratiques rigoureuses de méditation.
Luigi Pericle véhicule des symboles et de l’énergie spirituelle à travers ses œuvres. Carole Haensler écrit : « La clé de voûte de l’œuvre de Luigi Pericle est la métamorphose : métamorphose de la conscience individuelle, métamorphose de la matière conçue comme un processus alchimique. Pour Pericle, la pratique de l’art est une sorte de transmutation qui transpose la puissance symbolique dans la technique et la physicalité de l’œuvre d’art elle-même ». Ses études éclectiques s’accompagnent d’une compétence technique très particulière qui peut être définie comme alchimique, puisque dans l’acte d’admirer ses œuvres, la conscience du spectateur est stimulée à s'élever sous l'impulsion de l’artiste, qui remplit ainsi sa fonction d’intermédiaire, de maître spirituel. Il écrit : « La spiritualité dans l’art est éternelle. Elle fuit la caducité humaine, elle n’est jamais ni vieille, ni neuve : Elle est, parce qu’elle est essentielle, ou mieux encore, c’est le mode essentiel pour exprimer la Vérité. L’essentiel n’est pas ce qui vient de l’artiste, mais à travers l’artiste ».
Sans titre, (Matri Dei d.d.d.), printemps 1964, Encre de chine sur papier, 600 x 400 mm, Collection Archivio Luigi Pericle.
  p. 14-15
Il Palazzo (della serie Atlantide), (Matri Dei d.d.d.), 1974, Technique mixte sur masonite, 80 x 130 cm, Collection privée.
p.16
Der Hüter Der Schwelle, (Matri Dei d.d.d.), 1965, Technique mixte sur toile,
55 x 34 cm, Collection Biasca-Caroni, (detail).
Der Hüter Der Schwelle (le Gardien du Seuil) fait sans nul doute référence à la tradition ésotérique théosophique chère à Luigi Pericle. On touche ici à l’un des mystères les plus hauts de la spiritualité ; il s’agit de la figure qui empêche l’entrée dans le monde spirituel à quiconque n’est pas encore prêt.
Sans titre, (Matri Dei d.d.d.), 1963, Encre de chine sur papier, 400 x 600 mm, Collection Archivio Luigi Pericle.
17
























































































   21   22   23   24   25