Page 28 - 6 Dictionnaire Généalogique Nakam_Neat
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Mascara.
                                                               Quarante-cinq kilomètres au sud de Mostagnem s'élève une
                                                               montagne qui domine au nord le cours defflabra Elle a été baptisée
                                                               par les indigènes du nom pittoresque de Chareb-er-Rih,  la lèvre du
                                                               vent., parce que les bourrasques qui fréquemment s'engouffrent
                                                               dans ses gorges y font entendre des bruits sourds semblables à de
                                                               grandes et mystérieuses paroles. Le sommet de Chareb-er-Rih voit
                                                               se dérouler autour de lui un magnifique panorama : au nord la mer
                                                               depuis Oran Jusqu'au Chélif; à l'est les montagnes qui bordent les
                                                               deux rives du fleuve; au sud les dernières cimes de la chaîne au
                                                               delà de laquelle commence le Sahara. C'est sur le versant
                                                               méridional du Chareb-er-Rih, et au-dessus de la plaine d'Eglires ,
                                                               qui fut le berceau d'AbdelKader ,, qu'est assise l'ancienne capitale
                                                               du beylik de l'ouest, l'ancien quartier général de l'émir, le point de
                                                               départ de sa fortune.

          Selon les traditions locales recueillies par les Taleb, ces archivistes de l'Algérie, Mascara aurait été bâtie par les Berbères sur les ruines
          d'une cité romaine.
          L'étymologie d'ailleurs lui assignerait une origine guerrière ; car Mascara signifie la ville aux armées.
          Cette ville, telle que les indigènes nous l'ont laissée, se divise en plusieurs parties séparées entre elles. La ville d'abord, puis le faubourg de
          Baba-Ali au nord, celui d'Ain-el-Baïda au sud, un autre petit faubourg à l'est, et enfin celui d'Arkoub-Ismail, construit, il y a moins d'un
          siècle, par les Turcs.  La ville avait deux portes , et une poterne ou porte de secours, donnant sur un ravin qui la traverse. De belles eaux
          provenant d'une source abondante y arrivaient par des canaux d'une distance de 5,000 mètres.
          Les Français, devenus maîtres de Mascara, se l'approprièrent. Le petit faubourg de l'est disparut, et les trois autres, réunis par une enceinte
          continue, forment aujourd'hui une seule et même place , traversée par un cours d'eau qui ne tarit pas, l'Ouad-Sidi-Toadman. Mascara a une
          kasba ou citadelle, située au nord et isolée de la ville par une muraille en pisé; elle possède en outre plusieurs mosquées remarquables par
          l'élégance de leur architecture, un fondouk ou caravansérail, un marché, un palais, qui fut la résidence des'.beys, et la caserne des réguliers
          de l'émir dans la casba. Les environs de Mascara, dans un rayon de plusieurs kilomètres, étalent une végétation riche et active : la vigne, le
          figuier de Barbarie , le figuier d'Europe, y mêlent leur verdure à celle de l'olivier, de l'amandier , du cognassier et de plusieurs arbres
          fruitiers de nos climats. La guerre a ruiné l'industrie de Mascara; mais au temps de sa prospérité elle exploitait une spécialité importante :
          c’était la fabrication de ces bevneua noirs qui jouissaient dans toute la Barbarie d'une juste réputation d'élégance et de solidite. Dans les
          premiers temps de sa fortune , l'émir avait formé le projet d'établir à Mascara le siège de son gouvernement; il y avait réuni un grand
          nombre d'ouvriers européens. Mais la prise de cette ville par les troupes françaises en 1836 dérangea ses plans ; les ouvriers furent dirigés
          sur Tagdemt, Médéa et.Miliana, qui devaient éprouver le même sort quelques années après. Au commencement de 1847


                         QUI  SE  SAOUVIENT ?    6 décembre 1835 ......Le calvaire des juifs de Mascara
                                              « A Alger, les  Juifs ont encore à y souffrir d'une affreuse oppression; il leur est défendu
                                              d'opposer de la résistance quand ils sont maltraités par un musulman, n’importe la nature
                                              de la violence. Ils sont forcés de porter des vêtements noirs ou blancs : ils n’ont le droit ni
                                              de monter à cheval, ni de porter une arme quelconque, pas même de canne. Les mercredis
                                              et samedis seulement, ils peuvent  sortir de la ville sans en demander la permission. Mais
                                              y a-t-il des travaux pénibles et inattendus à exécuter, c'est sur les Juifs qu'ils retombent.
                                              Dans l'été de 1815, le pays fut couvert de troupes immenses de sauterelles qui détruisaient
                                              la verdure sur leur passage.  C’est alors que plusieurs centaines de Juifs reçurent ordre de
                                              protéger contre elles les  jardins du pacha; et nuit et jour, il leur fallut veiller  et souffrir

          aussi longtemps que le pays eut à nourrir ces insectes. Plusieurs fois quand les
          janissaires se sont révoltés, les Juifs ont été pillés indistinctement; et ils sont toujours
          tourmentés par la crainte de voir se renouveler de pareilles scènes enfants même les
          poursuivent dans les rues, et le cours de leur vie n'est qu'un mélange affreux de
          bassesse, d'oppression et d'outrages. Les descendants de Jacob ne répondent à ces
          insultes que par une patience inconcevable.
            (« Esquisse de l'État d'Alger », de William SHALER, Consul-général des États-Unis à Alger,
          1830)
          Chronologie
          -Le 26 juin 1835, la France subit une lourde défaite à la Macta
          -Le 21 novembre 1835, pour se venger de cette humiliation, le maréchal Clauzel
          accompagné du Duc d’Orléans se met en route vers Mascara, la capitale
          d’Abdelkader, avec une troupe de 13000 hommes.  1"
                    L'A~MtR  A.~RIVll  DE'IANT  MASCAR.A, LI 8  OECIMBRE 18~. -
               3 ~2 A
          -Apprenant cela, l’Emir Abdelkader fortifie la ville et avec son armée se poste en embuscade au niveau des marabouts de Sidi Embarek pour
          attendre les français.
          Après plusieurs jours de combat les arabes sont battus.
          -Le 6 décembre 1835 CLAUZEL entre dans Mascara pour y trouver une communauté juive aux abois.La ville de Mascara était devenue la
          capitale d’Abdelkader. Il avait négocié en février 1834 un traité de paix avec la France qui le reconnaissait comme « commandeur des
          croyants. »
          Les juifs de la région, de façon spontanée ou forcée, assuraient le bon fonctionnement de l’économie, ils étaient le rouage essentiel dont
          Abdelkader ne pouvait se passer. Il les utilisait pour asseoir son autorité dans tout ce qui avait trait à la finance, le commerce, le
          ravitaillement en armes, la confection des tentes pour ses soldats, le transport des marchandises et battre la monnaie.
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