Page 23 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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Dans les cités-dalles composées presque exclu- sivement de logements sociaux, cette forme urbaine apparaît pourtant très vite comme peu plaisante à vivre, avec son caractère répétitif et monotone. Les logements perdent rapidement en attractivité et concentrent essentiellement des personnes étrangères ayant de faibles ressources. Les magasins de la dalle ferment les uns après les autres, laissant place à une friche commerciale et à des trafics illégaux.
La parole aux habitants
L’aménagement du territoire peut-il être démocratique ?
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principal de lecture de la ville. Les équipes proposent de désenclaver les quartiers en recréant un maillage cohérent et de créer des espaces publics de qualité, ouverts sur la ville.
En 2003, une zone d’aménagement concertée (Zac) est créée autour de l’hôtel de ville, et en 2007, une convention est signée avec l’Agence nationale de rénovation urbaine. Le quartier Karl Marx entame alors sa mutation. Mais cette opération relève du défi : celui de rénover totalement un quartier sans en chasser ses habitants, de reconstruire avant de démolir. Il faut « réécrire la ville sans insulter le passé » déclare Bernard Birsinger, maire de Bobigny de 1995 à 2006.
En 1998, la municipalité fait appel à l’expertise des habitants pour dresser un bilan et organise les premières Assises de la ville. La population de Bobigny exprime alors son souhait de revenir à une ville plus classique, avec des rues, des îlots et des petits commerces.
Conçues pour faciliter les échanges, les dalles sont devenues des lieux de repli dont la gestion est coûteuse et complexe. La municipalité confie à quatre équipes d’urbanistes et d’architectes (bientôt réunies au sein d’ABC, l’Atelier Bobigny Capitale) le soin de réfléchir au devenir de la ville. De réunions publiques en ateliers, d’Assises en «Consult’action», un «plan de référence pour la requalification du territoire » est élaboré avec la participation active des habitants en 2002. La ville se donne alors comme objectif de revenir vers une forme urbaine plus classique, tout en tenant compte de l’existant. Avant tout, il s’agit de rétablir le sol naturel comme plan
Aujourd’hui, de nouveaux immeubles bas ont été construits, permettant d’offrir des logements en accession à la propriété favorisant la mixité sociale, et le plan de rénovation urbaine mis en place sur la cité Karl Marx s’est concrétisé par la démolition de la dalle et la déconstruction des deux tours doubles 12/14 et 36/38. Les deux opérations, indissociables, ne sont pas encore achevées mais les tas de gravats aux pieds des tours réhabilitées laissent enfin deviner un sol naturel longtemps enfoui sous des tonnes de béton, preuve que la parole des habitants a été entendue.
© Sophie Knapp
© Sophie Knapp


































































































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