Page 66 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
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SOPHIE KNAPP Vicky
Mar issen,
lobbyiste et fière de l’être
AVEC LE TRAITÉ DE LISBONNE, LE LOBBYING A ÉVOLUÉ. PLUS JURIDIQUE, IL S’APPUIE SUR UN JEU D’INFLUENCE MAIS AUSSI UNE PARFAITE CONNAISSANCE DU PROCESSUS. A BRUXELLES, PARMI LES QUELQUES 30000 LOBBYISTES QUI GRAVITENT DANS LE QUARTIER EUROPÉEN, VICKY MARISSEN AIME PARTAGER SON ENTHOUSIASME POUR PARLER D’UN MÉTIER EN CONSTANTE MUTATION.
La passion de l’Europe a saisi Vicky Marissen dès le début de ses études de droit. Celle du lobbying s’est imposée plus tard :
«Le lobbying m’était inconnu. Je ne voyais pas du tout à quoi cela pouvait correspondre». Comme beaucoup, la jeune femme en avait alors une image négative qui s’est estompée à l’occasion d’un stage effectué chez CLAN Public Affairs, un cabinet de conseil en affaires publiques européennes. « Dans de nombreux pays européens, le lobbying a encore une connotation négative. Ce n’est pas le cas au niveau européen. Le lobbying par les parties prenantes est un vrai contre-pouvoir, il est donc très accepté», explique-t-elle
European Affairs, avec un mot d’ordre : « Le lobbying, ça ne s’invente pas. C’est un métier ! ». Un métier très différent du lobbying national, plus « politique », où les interventions auprès d’un ministre constituent souvent un élément de réussite. Ce n’est pas le cas au niveau européen : « Les contacts au niveau de la Commission doivent se situer à un niveau moyen de l’administration ; le contact avec l’assistant parlementaire est souvent plus utile qu’avec le député lui-même. Au niveau du Conseil des ministres, il faut travailler avec les experts, les diplo- mates spécialisés par thématique. Bâtir un dossier techniquement solide est la clé
avec une certaine fierté.
Des décisions faites de compromis
pour la crédibilité. Mais cela doit toujours être accompagné d’une communication adaptée. Le lobbying est un métier qui exige une haute performance, mais
Pour cette Flamande, lobbyiste
dans le domaine des affaires
publiques européennes depuis une quinzaine d’années, la principale particularité de son métier réside dans la nécessité de connaître le processus décisionnaire : «Le lobbying au niveau européen fait partie intégrante du système décisionnel. Il n’est pas évident pour les gens qui approchent l’Union européenne de comprendre cette spécificité. L’Union européenne est sans cesse en quête d’expertise parce qu’elle doit se mettre d’accord sur des décisions qui sont nécessairement un compromis ».
En 2012, Vicky Marissen et Daniel Guéguen créent un cabinet de consultants, PACT
également une part de créativité, d’action et de stratégie. Tout cela rend ce métier particuliè- rement attirant ».
Autour des quelques 45 000 décideurs européens gravitent environ 20 000 hommes et femmes issus des régions, des cabinets de conseil, des cabinets d’avocats, des organi- sations non gouvernementales ou encore des entreprises. Pour cette femme sans cesse en mouvement, travailler dans un environ- nement très compétitif est toujours excitant. A Bruxelles où les informations circulent en masse, il faut savoir repérer quelle est l’information pertinente. Et l’avoir au bon
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