Page 4 - Bordeaux Euratlantique
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Dans l’histoire d’une ville, un mot à un moment donné peut incarner un nouvel imaginaire et de nouvelles hypothèses de développement. La « grande vitesse » est l’un de ces mots.
Entrer dans le club des villes à deux heures de Paris ou devenir un « hub » orienté vers Toulouse, Barcelone, San Sebastian ou Madrid n’est pas un acte anodin.
Dans cette situation, comment concilier un imaginaire globalisé avec une réalité locale, ou comment identifier un quartier d’affaires tout en préservant l’espace des premiers occupants ?
Le projet posait ces questions, et dans la réponse que nous avons apportée nous n’avons pas voulu opposer un monde à un autre. Les « domaines » qui composent et composeront le futur quartier garderont une certaine autonomie pour pouvoir se moderniser à leur rythme sans imposer à tous une image commune et « banalisante ».
La cohérence urbaine, pour nous, se trouvait forcément ailleurs et principalement dans un concept d’espace public ou des « familles » urbaines contrastées pourraient se partager un même lieu tout en y vivant des temps différents.
Entre la grande vitesse, celle du TGV, le « temps réel » qui s’est introduit dans nos vies par les « espaces virtuels » et le « temps du quotidien », il fallait non seulement inventer un lieu qui puisse fonctionner comme un « attracteur urbain » mais admettre aussi que ce lieu dans un temps de grande mutation pourrait être co-produit avec les habitants et les usagers.
C’est l’esprit du « VIP », boucle de 3 km pour une dizaine d’hectares, qui va fédérer le quartier et que nous voulons penser comme un « équipement collectif » à ciel ouvert.
Lieu de culture, lieu de loisir, lieu d’échange, lieu associatif et éducatif, il donnera le ton à un quartier décomposé ensuite en secteurs ayant chacun leur logique fonctionnelle, leur densité et leur dominante programmatique.
La démarche appliquée à ce lieu constitue pour nous le pivot d’une politique globale de développement durable, au sens où il va permettre une expérimentation des usages qui seront, dans l’avenir, ceux du quartier entier.
La politique de réduction de la part modale liée à l’automobile, la mutualisation des parkings, la politique de traitement de l’eau, la conception bioclimatique des jardins et des parcs, l’application d’un coefficient de végétalisation favorisant la biodiversité ou la conception énergétique des bâtiments ne sont ensuite qu’une déclinaison des problématiques de l’écocité.
Nous imaginons ce projet comme le chemin vers une « globalisation douce » où un contexte local ne serait plus condamné à se fondre dans un imaginaire généralisé.
Bernard REICHEN
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Actes de la concertation 2011 Bordeaux Saint-Jean Belcier
Architecte-urbaniste du projet Bordeaux Saint-Jean Belcier


































































































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