Page 89 - IHEDATE - L'annuel 2017
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Les territoires et le monde
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LES AGRICULTEURS ONT ÉTÉ MOBILISÉS AU SORTIR DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE,
AU NOM DE L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DU PAYS. À MARCHE FORCÉE, ILS SE SONT MODERNISÉS EN S’EUROPÉANISANT D’ABORD, EN SE MONDIALISANT ENSUITE.
Le succès, d’une certaine façon, est là : la France n’a jamais autant fourni de produits agricoles et agro- alimentaires. Mais ce succès considérable se trouve contesté, pour ses dégâts environnementaux et pour les dif cultés sociales et économiques d’une part croissante d’agriculteurs.
Pour Bertrand Hervieu, comprendre le malaise agricole et le sentiment d’abandon des territoires ruraux suppose de prendre un certain recul. À travers une grande fresque historique, il montre comment s’est construite la place très spéci que qu’occupent l’agriculture et les campagnes françaises dans l’imaginaire national. Mais le contrat qui lie la Nation à ses agriculteurs doit aujourd’hui être redé ni. Prolongeant cette idée, Stéphane le Foll défend l’agroé- cologie, une agriculture écologiquement intensive, qui tourne la page de la monoculture et trouve sa place au cœur de multiples enjeux économiques : l’alimentation humaine et animale, l’énergie, la production de matériaux biosourcés... Bref, l’agri- culture n’appartient pas à « l’ancien monde ». Pas plus que l’industrie, dont Hubert Mongon rappelle la prégnance dans la France des villes moyennes et de la ruralité, où l’emploi industriel dépasse désormais l’emploi agricole.
Bertrand Schmitt revient sur les approches multi- ples du rural : morphologiques ou fonctionnelles, elles ne permettent pas aisément de dégager une grille de lecture unique ni une opposition simple entre les « villes » et les « campagnes ». Il en ressort une typologie complexe des espaces
ruraux, aux dynamiques d’attractivité contrastées. Issu du monde rural, exploitant agricole de métier, Jean-Pierre Raynaud apporte une vision d’élu régio- nal sur le rôle actuel des régions dans la gestion du second pilier de la politique agricole commune. Alors que les régions offrent un cadre propice pour renégocier le « contrat agricole », à distance des positions  gées des acteurs au niveau national, la régionalisation des aides du « second pilier » fait partie des réformes récentes de la PAC, dont l’avenir doit être remis en jeu après 2020.
Comme le souligne Aurélie Trouvé, la PAC est ancrée dans un compromis européen très fort, mais qui n’est plus celui qui a permis sa création dans les années 1960. Dans ce nouveau «compromis néoli- béral », les prix agricoles européens sont désormais alignés sur les cours mondiaux.
La conquête de nouveaux marchés à l’international est une nécessité pour Vincent Chatellier. Si la France reste la première zone productive agricole de l’ensemble de l’Union européenne, elle est en perte de vitesse sur un marché européen qui n’offre plus de perspectives de croissance. Pourtant, certaines  lières ont su se structurer et valoriser leur production : elles pourraient servir de modèle pour l’agriculture française des 50 prochaines années car pour l’ingénieur de recherche, éternel optimiste comme il le déclare lui-même, « l’agriculture française a des choses à dire face à une demande mondiale qui ne cesse de croître ».
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