Page 80 - Annuel 2018
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LE NUMÉRIQUE NE REMPLACE PAS LES INTERACTIONS HUMAINES.
Néanmoins, les personnes au carnet d’adresses vide, aux liens sociaux professionnels coupés, aux situations familiales fragiles et qui manquent d’estime de soi béné cient plus dif cilement de cette sociabilité par le numérique. Les travailleurs sociaux relèvent que le public en dif culté n’est pas forcément confronté à des obstacles en lien avec la technique mais avec les pratiques sociales. Il ne s’agit donc pas de fracture numérique ou d’exclusion numérique à proprement parler mais de problèmes d’ordres sociaux et économiques.
Contre l’exclusion, des médiations sociales
Le manque de connaissances et de capacités d’apprentissage dans le domaine du numérique sont également des facteurs d’exclusion : face à un ordinateur, une tablette ou un smartphone, il faut savoir apprendre, comprendre le fonctionnement des moteurs de recherche, la manière dont l’information circule. Alors que de nombreux services sont désormais entièrement digitalisés, les personnes en dif culté sont souvent perdues si elles ne béné cient pas d’aide extérieure ou de médiation pour comprendre comment fonctionnent ces services en ligne. Dès lors, il apparaît que le numérique marginalise une partie des usagers lorsqu’il remplace purement et simple- ment des interactions existantes, par exemple devant un guichet. Pour Jacques-François Marchandise, «le numérique doit être utilisé en articulation plutôt qu’en substitution». D’où l’importance de repenser les médiations sociales - et leurs insuf sances - avec tous les acteurs existants, en y incluant les médiations numériques. Et cela doit passer par la formation des aidants et des acteurs sociaux aux dif cultés numériques, mais aussi par la formation des acteurs du numérique aux questions sociales.
SOPHIE KNAPP
édition 2018
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© Sophie Knapp