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NOUS N’ASPIRONS PAS AU REPOS, LES SOLUTIONS SONT À NOTRE PORTÉE !
3.4. TRANSITION
Le projet européen s’est construit après 1945 au- tour du charbon et de l’acier.
En 2020, après la COVID-19 qui laisse nos écono- mies affaiblies, d’autres projets peuvent se dessiner à l’échelle des territoires pour donner naissance à un monde nouveau, décarboné et donc
durable. Pour ce faire, et à toutes les échelles terri- toriales, il est possible d’envisager :
- La rénovation énergétique des bâtiments qui permet d’une part les économies de chauffage et la réduction d’émission de GES, et le» non-développe- ment» de climatiseurs par exemple (une aberration écologique qui contribue au cercle «non vertueux» de moins de consommation d’énergie et moins d’émissions). Cette mesure a en outre l’avantage précieux de produire des emplois non délocali- sables et de réduire la fracture sociale.
- La diminuation significative du transport aérien, symbole d’un modèle vorace en énergie et émetteur de CO2, qui permet de lutter plus que de s’adapter au changement climatique, mais reste éminem- ment nécessaire pour rendre crédible les autres mesures. Ainsi, il est possible d’oeuvrer pour relier les grandes métropoles entre elle par des trains rapides et ne plus subventionner ce secteur pour que les voyageurs payent le vrai coût de ce mode de transport.
- La modernisation du parc de véhicules en géné- ralisant les véhicules à moins de 2 litres au cent et renforçant le maillage territorial des bornes de chargement des véhicules.
- La mise en oeuvre concrête de l’agriculture du- rable. Pour ce faire, les territoires ont la possibilité de favoriser l’approvisionnement local et bio des cantines, EHPAD et autres lieux de restauration en commun.
- L’accompagnement du développement du bois énergie et de la mutation de la forêt française pour qu’elle puisse jouer son rôle de fixateur de carbone, de lieu de «fraicheur»...
- Une réflexion forte pour réduire drastiquement les produits importés du «bout du monde» avec la mise en place et la valorisation de circuits courts...
Ces deux dernières mesures offrent l’avantage de produire des emplois non délocalisables, de per- mettre l’entretien des paysages et le maintien de la vie dans le monde rural.
ENFIN, DEUX DERNIÈRES MESURES ESSENTIELLES :
- Le développement de la mobilité bas carbone :
Le secteur des transports est la première source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, avec près de 30 % des émissions totales. La route génère 95 % du CO2 des transports.
La Loi d’orientation des mobilités favorise le chan- gement d’échelle dans le développement de la mo- bilité bas-carbone. Elle désigne les collectivités comme actrices centrales dans la transition des mobilités. Ainsi, il est possible de mettre en place des mesures afin de :
• Diminuer les besoins en déplacement (covoitu- rage, télétravail...)
• Favoriser les reports modaux depuis la voiture in- dividuelle (parking de covoiturage, parking en gare, ainsi que vélos)...
• Prévoir des places réservées pour les co-voitu- reurs et les voitures les moins polluantes; des par- kings couverts et bornes de recharge de vélos élec- triques dans les entreprises.
- La lutte contre les ilôts de chaleur et la prise en compte des éléments naturels pour rebâtir la ville sur la ville : la revégétalisation des zones urbaines, la présence d’arbres et de parcs, la remise en lu- mière de réseau d’eaux enterrées ou déviés, la prise en compte des vents dominants ou de l’ensoleille- ment pour repenser le bâti, utiliser les toitures, l’obligation de récupérer les eaux de pluie pour les toilettes ou les lessives... L’ensemble de ces me- sures devant obligatoirement d’une part, être for- malisée dans les dispositions réglementaires des documents d’urbanisme et de planification pour conditionner le droit des sols à ces critères, d’autre part, s’inscrire dans un cadre législatif précisément et fortement contraignant.
Ainsi, il apparait que l’échelle territoriale est dé- terminante car opérationnelle en matière d’adap- tation aux changements climatiques, comme l’in- dique le climatologue Jean Jouzel dans le rapport «climat de la France au XXIe siècle» (2015) : « me- ner à bien des politiques d’adaptation efficaces né- cessite d’étudier l’évolution du climat à une échelle spatiale plus fine que celle des modèles du GIEC : l’échelle régionale ». La tâche est donc lourde pour les citoyen(ne)s-maçon(ne)s qui consomment, celles et ceux qui s’expriment et celles et ceux qui sont élus sur les territoires...
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 Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P116
3.4.3. PAR QUELS MOYENS LES TERRITOIRES PEUVENT-ILS S’ADAPTER AUX ENJEUX DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ?










































































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