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Terre », « L’homme est la nature prenant conscience d’elle-même ». Darwin va plus loin encore en 1871 avec une grande modernité, dans l’ouvrage La filia- tion de l’homme : « la sympathie portée au-delà de la sphère de l’homme, c’est-à-dire le sentiment d’humanité envers les animaux inférieurs, semble être l’une des acquisitions morales les plus ré- centes ».
Mais anticiper, se mettre à l’avant-garde d’une ré- flexion sur la Nature et son devenir, dans un monde très majoritairement éloigné de cette prise de conscience n’était guère envisageable. D’autant que les constatations du « déséquilibre » entre civilisa- tion et nature n’étaient pas encore criantes. La po- pulation mondiale au début du XXe siècle est de 1,5 milliard d’habitants. On est loin des 7,6 milliards d’aujourd’hui tout comme l’exploitation des éner- gies fossiles qui va connaitre une expansion quasi exponentielle au XXe siècle. En fait, les déséqui- libres à tous les échelons de la planète ont été très rapides et récents, et vraiment étudiés que depuis une trentaine d’années.
La première moitié du vingtième siècle ne modifie pas ces structures de la pensée. Les esprits ne sont pas aux questions environ- nementales. D’autres problématiques pré- sentent une bien plus grande importance, celles des tyrannies, des dictatures, des barbaries, des guerres mondiales faisant que la liberté, la paix, la solidarité, la tolé- rance, la démocratie, toutes valeurs chères aux francs-maçons sont les objectifs ma- jeurs.
LE GODF A ABORDÉ UN TOURNANT RÉ-
CENT ET NÉCESSAIRE :
Après la seconde guerre mondiale, l’Huma-
nité accélère sa course vers le progrès. L’An- thropocène se révèle de plus en plus aux observa- teurs. L’Anthropocène est ce néologisme utilisé en 1995 par P.J. Crutzen et E. Stoermer, désignant une nouvelle époque géologique marquée par l’em- preinte de la Civilisation techno-industrielle. Des découvertes aux effets technologiques et éthiques vont bouleverser le monde. En 1953, c’est la décou- verte de l’ADN puis du génome. Il en résulte une nouvelle lecture et compréhension de l’espèce hu- maine. Ses applications sont considérables et ouvrent des perspectives extraordinaires, parfois inquiétantes. Dans un autre registre la découverte de l’atome et de ses applications militaires fait dé- couvrir au monde la capacité d’autodestruction de l’espèce humaine. Ces deux révolutions, nucléaire et génétique, font craindre des mutations technos- cientifiques non maîtrisées et contradictoires avec nos valeurs humanistes. La FM s’en émeut, au GODF en particulier est créée en la Commission
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UNIVERSALISME, HUMANISME ET ÉCOLOGIE
1.1.
LA RÉFLEXION MAÇONNIQUE SUR LA CRISE ÉCOLOGIQUE
Nationale de Santé publique et de Bioéthique. S’agit-il d’une préoccupation liée à la nature ? Oui, à la nature humaine, mais la préoccupation environ- nementale apparait elle aussi... celle d’une bios- phère bouleversée ! En effet un autre pas est franchi en 2005 avec la création de la Commission natio- nale de la réflexion sur le Développement Durable. Ces deux nouvelles commissions témoignent d’un tournant. L’une se préoccupe de la dimension natu- relle de l’Humain et l’autre des rapports de l’Huma-
nité à la Nature. Le paradigme est changé. On vit « un évène- ment métaphysique sans précé- dent » écrit Michel Serres dans l’ouvrage « Le Contrat Natu- rel », c’est-à-dire un change- ment profond de la réflexion sur nos sociétés avec pour corol- laire un questionnement sur le devenir de l’Humanité. Cette question est ancienne mais la nouveauté vient de la nécessaire liaison entre Nature et Humani- té. Dans son ouvrage récent « L’intelligence des limites » P. Tort montre lui aussi la voie ... « L’Humanité prédatrice, sa part barbare, doit se dégager de son
influence en acquérant une autonomie optimisée quant à la Nature afin de lui... permettre d’évoluer normalement. Nature et Humanité ne peuvent être dissociées et maintenir leur coévolution ».
Comment le GODF, la Franc-Maçonnerie, peut-elle prendre à bras le corps cet enjeu civilisationnel ?
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Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P22
1.1.3. RÉCIT D’UNE HISTOIRE DE LA RELATION NATURE ET HUMANITÉ EN FRANC-MAÇONNERIE