Page 43 - cnrdd-suite
P. 43
1
UNIVERSALISME, HUMANISME ET ÉCOLOGIE
1.2.
LES CLÉS MAÇONNIQUES POUR UN FUTUR PLUS HUMANISTE ET ÉCOLOGIQUE
Nous avons les outils symboliques et méthodolo- giques pour aborder toute problématique touchant à la vie sur terre ; nous savons expliquer sans impo- ser, discuter sans passion excessive, analyser avec circonspection ; nous savons sensibiliser à l’intérieur du cercle maçonnique lorsque nous nous emparons d’un thème jugé fondamental comme la laïcité.
Il nous manque cruellement la capacité à intervenir dans le débat public, à diffuser une pensée maçon- nique toujours en devenir occultée dès l’abord par le faux secret encore entretenu par nos détracteurs et parfois par nous-mêmes. Ceci dit, sans exagérer le nécessaire examen de conscience collectif qui, seul peut nous sauver de l’inaction et de l’immobi- lisme.
En cette période de tous les dangers, de l’aboutis- sement mortifère d’une société globalisée en déshérence, où comme le disait si bien Gramsci « surgissent les monstres », les Francs-maçons du GODF et des Obédiences amies doivent porter dans l’urgence un projet universel de société qui fixe clairement les enjeux et défis à affronter et les objectifs humanistes3 indispensables à sa réalisa- tion concrète.
Je parle ici de pensée maçonnique à élaborer au plus vite, prenant en compte tous les aspects de la vie en société, singulièrement nourrie de ce qui est, par obligation de survie, considéré comme le noyau de la possible résolution de nos problèmes : l’écolo- gie entendue comme la science des interactions entre les êtres vivants et leur environnement.
Nommons cela utopie, le mot sonne mieux que les nombreuses dystopies dont on nous abreuve en ces temps troublés. Nommons cela comme bon nous semble, car la dénomination importe peu face à l’urgence des mesures à prendre, à l’attente de notre parole maçonnique en dehors de nos Temples tant il est vrai que le discours que nous pouvons porter manque dans le concert brouillon des fai- seurs d’avenir.
Nous ne savons pas écrire de lettre encyclique ; nous n’avons pas de pape ni de chef spirituel ; nous sommes adogmatiques, laïques et séculiers.
A ces titres, nous avons le devoir de participer, de coconstruire un monde qui réponde enfin à nos as- pirations inscrites en nous dès l’initiation. L’isole- ment clubiste n’est plus d’actualité ; le renouveau de la franc-maçonnerie universelle passe par sa volonté d’extériorisation et sa capacité de conviction de l’importance de nos valeurs de référence.
La République est en danger, mais nous sommes parmi les créateurs de la République ; nous sommes quelque part les garants d’une République sociale et universelle toujours en danger de disparition. Les dérèglements écologiques provoqués par l’humain nous offrent paradoxalement l’occasion de sortir de notre Loge – cocon et de donner le ton d’une pos- sible reconquête du sens et de la finalité de la vie entendue dans son acception écosystémique et non pas seulement humaine.
L’humanité a changé de dimension ; l’universalisme aussi. Alors, n’attendons plus que vienne la vérité d’un quelconque sauveur improbable. Soyons ce que nous devrions être : des initiateurs, des archi- tectes de société et des passeurs d’idées de progrès pour un monde de réconciliation de l’humain avec l’ensemble du vivant.
•••••••
1 « Loué sois-tu », sur la sauvegarde de la maison commune.
2 « Tous frères », sur la fraternité et l’amitié sociale.
3Au sens d’un humanisme du XXIème siècle débarrassé de son anthropocen- trisme originel, consacrant l’humain comme partie intégrante du vivant et non comme dominateur et prédateur naturel
Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P43
1.2.6. ENCYCLIQUES ET FRANC-MAÇONNERIE