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DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES À L’HUMANISME ÉCOLOGIQUE, RÉÉCRIVONS NOS RÉCITS FONDATEURS
2.2
« DU CÔTÉ DES HUMAINS »
APPRENDRE
Sébastien Bohler dans “Le Bug humain. Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher”, ouvre une autre perspec- tive : il montre que si nous choisissons de muscler une partie spécifique de notre cerveau (celle qui permet de restreindre la seule satisfaction de nos envies), la situation actuelle pourrait offrir une oc- casion inédite de changer notre rapport au monde.
Si l’on revient à l’évolution de l’espèce humaine, jusqu’aux poissons qui existaient il y a 500 millions d’années, ces derniers avaient un noyau cérébral, le striatum, que nous avons conservé jusqu’à au- jourd’hui. Cette partie du cerveau commune à toutes les espèces vertébrées était un passeport pour lut- ter dans le système de compétition qu’est le monde vivant. Aujourd’hui l’espèce humaine possède une partie du cerveau plus évoluée, le cortex, mais nos comportements sont influencés par le striatum qui nous incite à répondre à quatre besoins fondamen- taux : se nourrir, se reproduire, s’élever dans la hié- rarchie sociale, et rechercher de l’information, le tout en faisant le moins possible d’efforts.
A l’âge de pierre, il était complexe de capturer une proie ; aussi était-il vital de manger le plus possible à chaque fois que l’occasion se présentait. Le stria- tum nous a permis de survivre mais il n’a pas de système de frein. Aujourd’hui dans une société de pléthore, nous avons tendance à continuer ainsi, les effets les plus dévastateurs étant l’addiction à la « junk-food ». Pour la survie de l’espèce, la course à l’hyper-sexualité permettait d’étendre le maximum de ses gènes. Il s’ensuit que 35 % des vidéos sur Internet sont des pornos avec l’impact en matière d’environnement de tous les serveurs nécessaires. Il est à noter que l’hypersexualité est masculine ; les femmes pour étendre leurs gènes s’assurent de la protection des enfants nés. L’information était ca- pitale pour la survie, il fallait trouver de la nourri- ture, un abri, des reproducteurs... Quand l’informa- tion était obtenue, le striatum générait de la dopamine. Aujourd’hui, nous obtenons de la dopa- mine avec toutes les sources d’information dispo-
nibles (infos en continu, alertes mél, textos, etc.). Le striatum ne sait plus s’arrêter, allant parfois jusqu’à ‘l’info-obésité’. Le besoin de reconnaissance exis- tait déjà chez les primates qui nous ont précédé. L’Homo sapiens vit en hiérarchie, a besoin de savoir qui est en haut, au milieu et en bas de la pyramide. Le striatum nous pousse à progresser dans la hié- rarchie sociale. Le statut est illustré par les signes extérieurs de richesse (vêtements de marque, der- nier smartphone, voiture, voyages au bout du monde... et comment ne pas résister à un voyage à Venise pour 40 € ?).
COMPRENDRE
On veut tout et tout de suite : c’est lié au fonctionne- ment des neurones qui libèrent de la dopamine tant qu’on augmente la quantité de nourriture par exemple. C’est inscrit dans nos gènes depuis un million d’années. Idem pour le sexe. L’industrie ré- pond à ces besoins, c’est la base du consumérisme. La croissance est inscrite dans nos neurones.
Le striatum vit dans l’instant, il ne se projette pas dans 20 ou 30 ans. Une illustration, celle des fu- meurs pour qui le risque de cancer est trop éloigné pour en prendre conscience. Nous ne sommes pas armés pour affronter la mort, des études en psy- chologie aux USA ont reproduit plus de 200 réac- tions qui se concentrent en 3 catégories : le déni, conjurer le spectre de la destruction par un ersatz de puissance en étant plus riche, en bonne santé... et je suis fragile mais mon groupe d’appartenance va survivre (nationalisme). Nous sommes comme dans un avion qui va se crasher dans cinq minutes, ce n’est pas grave, cela nous laisse le temps de prendre un café. Il nous reste cinq minutes, profi- tons-en. C’est la même chose pour 10 ans, 20 ans, c’est la même échelle de temps. Il nous faut chan- ger notre cerveau mais comment ?
AGIR
Des études en imagerie cérébrale à l’université de Zurich, ont mis en évidence la création de dopamine lors de comportements d’entraide. L’observation a été faite en proposant une somme d’argent aux per- sonnes testées. Le striatum des femmes créait de la dopamine en redistribuant de l’argent, ce qui n’était pas du tout le cas chez les hommes. Ceci pourrait s’expliquer par le fait, que les petites filles sont conditionnées en les incitant à partager (« tu partages c’est bien ») ; c’est une récompense so- ciale.
Pour les garçons on crée déjà une éducation de la compétition.
Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P66
2.2.4. LA COVID 19 ET LE CERVEAU NOTRE ENNEMI