Page 32 - cnrdd-suite
P. 32

 La crise écologique que nous traversons est une crise bien plus large que la perte de la biodiversité ou le réchauffement climatique, elle contient toutes les autres crises. Dans un raisonnement de com- plexité, l’éducation et la médecine sont réinterro- gées par cette situation. Vouloir régler une crise sanitaire par des prises en charges médicales ou des échecs scolaires par l’école ne sert de rien. Il faut redonner sens aux questions de fond ce qui nous amène immanquablement sur la nécessité d’envisager le cosmos(l’ordre) et donc notre envi- ronnement en le rattachant à chaque probléma- tique. Pour autant, nous devons nous prémunir des tentations religieuses naturalistes et théosophiques en ouvrant une réflexion écologique fondée sur la raison et la science ancrée dans l’idée républicaine. Dans le respect des idéaux maçonniques et de nos valeurs réaffirmées, il s’agit de poser le 3e pilier ré- publicain qui permettra de redynamiser les deux premiers en les réenchantant et en les réinterro- geant . Quelle éducation pour libérer les consciences de l’emprise néolibérale anthropocentriste et en- courager l’intégration à un humanisme écologique ? Quelle médecine pour dépasser le soma et la psy- ché et remettre la notion d’harmonie de l’humanité dans son milieu en rompant avec l’idée de la nature pathogène ?
La république possède tous les outils pour relever les défis qui sont devant nous. La société post-in- dustrielle qui se dessine désormais doit accepter de rompre avec la société industrielle et les désordres de la mondialisation. Toutes nos références éthiques, sociales et politiques volent en éclat. Seule la République peut nous permettre d’envisa- ger le monde nouveau en privilégiant une dimen- sion spirituelle laïque associée à l’environnement et au monde de demain. Tout comme l’école et la mé- decine, il nous revient de concourir à institutionna- liser l’écologie. A lui donner un cadre légal, d’ensei- gnement et de pratique au service de la république pour des missions claires et partagées par tous. Cependant, au même titre que nous pouvons dire avec Jean Baubérot et Raphael Lioger 1 que « la religion peut désormais fonctionner en interne, comme institution ...elle doit socialement prendre une forme analogue à l’association, option libre et facultative », nous pouvons affirmer pour reprendre les auteurs précédemment cités que l’écologie doit devenir à l’image des institutions scolaires et médi- cales des outils de socialisation publique dépassant le cadre strict et évident de son utilité première. Si la liberté de conscience et de culte fait partie des libertés publiques sans obligation de croire, en re- vanche l’instruction, certains actes médicaux et je rajouterai les comportements écologiques doivent s’inscrire dans les devoirs du citoyen.
Le libre arbitre écologique doit pouvoir s’exercer à l’intérieur d’un cadre défini par la république démo- cratique, sociale et laïque et ne doit plus s’exercer
1
UNIVERSALISME, HUMANISME ET ÉCOLOGIE
1.2.
LES CLÉS MAÇONNIQUES POUR UN FUTUR PLUS HUMANISTE ET ÉCOLOGIQUE
jusqu’à la liberté de conscience pleine et entière puisque celle-ci ne s’accompagne pas de comporte- ments éclairés. La prise de conscience écologique doit être articulée à une philosophie de l’existence. Celle du citoyen qui qui parvient à l’intégrer dans son quotidien. Si,comme nous l’indique Corinne Pelluchon dans son ouvrage “Les nourritures” : “L’écologie n’est pas une discipline à part ou un îlot éthique ...Elle ne se réduit pas non plus à un en- semble d’impératifs qui s’imposeraient de l’exté- rieur...” 2, nous pouvons néanmoins considérer que l’urgence de la situation nous invite à adopter des attitudes politiques plus contraignantes. Il s’agit d’une forme de radicalité issue des lumières et ca- ractérisée par l’expression de devoirs impérieux. La modernité est complexe car elle subordonne le progrès scientifique et technique à ce que Kant ap- pelle l’entendement, alors même qu’elle lui donne les atours de la raison quand dans le même temps elle s’en éloigne.
Dans son projet universaliste, la Franc-Maçonnerie républicaine peut se renouveler en reprenant une part de radicalité de la révolution française et de ses valeurs, en incarnant la raison éclairante, en structurant un projet laïque , républicain sur les trois piliers que sont :
• La sagesse à conquérir : l’éducation
• La force à préserver et garantir : la médecine • et enfin la beauté de la nature, à admirer
et à chérir : l’écologie.
Contribuer à modifier la constitution de notre pays pour lui offrir un pilier constituant lié à la préserva- tion du vivant est une quête noble et digne de la F .M
« Elle ne pourra sans doute pas se dédouaner de prendre position à court terme, sauf à vouloir im- ploser face à la réalité. »3
Il nous revient de réunir ce qui est épars et de faire se retrouver autour de nos valeurs, sur nos co- lonnes, nos Sœurs et nos Frères pour la préserva- tion de la nature.
•••••••
1 Sacrée médecine- Editions entrelacs p 46
2 Les nourritures -Corinne Pelluchon-Editions Points-p 429 3 JS Capon F :. de C :.P :.V :. (correspondance).
       Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P32
1.2.1. L’ÉCOLOGIE, LE TROISIÈME PILIER DE LA RÉPUBLIQUE















































































   30   31   32   33   34