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  Ne serait-il pas temps de reconnaître que le prin- cipe de «se serrer la ceinture dans l’objectif de mieux se serrer les uns contre les autres» a ses li- mites dans un partage égalitaire sur une Terre maintenant sur colonisée, au prix de la destruction inexorable de la biodiversité ? Qu’est-ce que «man- ger mieux» pour les Inuits, les Massaïs et bien d’autres ?
Actuellement nous « consumons » la planète pour nos besoins effrénés en partant du principe que sa colonisation pouvait être infinie.
Dans ce contexte climatique et face à un « système alimentaire » mondial en flux tendu dominé par de puissants groupes financiers internationaux et dont une part des matières premières se discute à la bourse, l’indépendance alimentaire des États s’avère primordiale, avec la possibilité d’interdire les exportations en cas de pénurie généralisée. (Cf. Grande Famine Irlandaise : les ports irlandais res- tèrent ouverts sous la pression des négociants pro- testants et l’Irlande continua à exporter de la nour- riture).
La démographie, toujours soutenue par les reli- gions, est encore poussée par des lois natalistes et impose la surexploitation et la standardisation des processus agricoles, tout le contraire du soutien es- sentiel de la biodiversité.
La natalité (ONU) a été et reste très élevée en Afrique notoirement (au taux de croissance du Ni- géria depuis 1930 nous serions en France 400 mil- lions aujourd’hui, au bas mot), et dans plusieurs continents (Inde, SE Asie et Amérique Latine) ; elle est mère de désordres majeurs sur la disponibilité alimentaire et le respect de la biodiversité. En ré- sultent les conflits ethniques, famines des popula- tions, et épidémies, sans autre issue qu’une migra- tion de sinistrés climatiques. Loin de l’image des transhumances nomades qui ont jalonné l’évolution d’Homo sapiens, libre de se nourrir sur une biodi- versité variée et renouvelée sans cesse.
Nous, Homo sapiens, nous nous tenons à la pointe de la pyramide de la biodiversité qui disparaît sous
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DES CHOIX ÉNERGÉTIQUES À L’HUMANISME ÉCOLOGIQUE, RÉÉCRIVONS NOS RÉCITS FONDATEURS
2.3
« VERS L’ACTION »
nos pieds, avec inévitablement la chaîne alimen- taire qui nous nourrit depuis sa base.
Cette pyramide est même en train de s’inverser avec Homo sapiens au-dessus en croissance expo- nentielle à l’échelle biologique, reposant sur des ressources diversifiées disparaissant comme peau de chagrin, ce qui risque de nous laisser démunis au moindre cataclysme.
Tout cela par l’égoïsme de nos addictions dont cette nécessité instinctive et égoïste de posséder et consommer toujours plus, et de garder la liberté ou parfois l’obligation de procréer sans scrupule et à tout prix. Or nous perpétuer a-t-il un sens autre que notre seule satisfaction addictive, avec un aveugle- ment planétaire sans aucune vision solidaire pour l’avenir... de nos descendants ?
« Naturellement, aucun problème humain ne peut se résoudre sans une stabilisation de la population mondiale, (prévue, espérée, mais toujours reculée) : sans une gestion intelligente des ressources renou- velables, sans le retour à une économie cyclique et non à celle de la croissance, sans prêter attention aux dangers climatiques », déclarait dès les années 2000 Kofi ANNAN, Secrétaire Général de l’ONU et Prix Nobel de la Paix, à l’avant-garde du combat pour la paix et la sécurité mondiales et pour la mo- bilisation de la communauté internationale face aux grands problèmes économiques, sociaux et envi- ronnementaux du monde.
«Nous empruntons un capital écologique aux géné- rations à venir en sachant pertinemment que nous ne pourrons jamais le leur rembourser. Ils auront beau nous maudire d’avoir été si dépensiers, ils ne pourront jamais récupérer ce que nous leur devons. Nous agissons de la sorte parce que nous n’avons pas de comptes à rendre : les générations futures ne votent pas, elles n’ont aucun pouvoir politique ou financier, elles ne peuvent s’élever contre nos déci- sions » in René DUMONT Notre avenir à tous, 1988. Alors ne devons-nous pas définir ensemble notre destinée d’Homo sapiens sur la planète ? « En rap- pelant les conditions de notre durabilité, indisso- ciables de toutes celles de la Vie sur Terre ».
 Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P71
2.3.1. DÉMOGRAPHIE


















































































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