Page 47 - MOBILITES MAGAZINE N°29
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                   peut pas se payer la gratuité !
bres du laboratoire aménagement economie transport (laet). cette étude représente 500 heures de travail et a été menée par quatre professeurs de l’Université de lyon et du laet. cet outil d’analyse va nous permettre de donner des clefs de lecture pédagogique. nous voulons expliquer quels sont les impacts de la gratuité, un principe sur lequel tout le monde est d’ac- cord. sauf qu’en réalité, la gratuité n’existe pas. se passer des recettes commerciales, c’est faire reposer le financement des transports en commun sur l’impôt et les collec- tivités locales, donc sur les contri- buables. c’est impossible dans le contexte actuel. a lyon, les recettes commerciales génèrent 265 m€/an et représentent un tiers du finan- cement. autre chiffre qu’il faut rappeler : le fonctionnement des transports en commun lyonnais coûte 1,2 m€ par jour. c’est un ré- seau coûteux.
: quels sont les principaux enseignements
de cette étude ?
FB : la gratuité pourrait accroître la fréquentation de 15 à 30%. cette perspective d’augmentation nous questionne à l’heure où le réseau est saturé en heure de pointe. De plus, cette mesure serait contre- productive quant à nos objectifs de report modal inscrits au plan de déplacement urbain. en effet, le laet a démontré que le gain de fréquentation proviendrait de ceux qui marchent (7%) et qui pédalent (15%) dans le centre ur-
bain de lyon et Villeurbanne. très peu d’automobilistes prendraient les transports publics. par consé- quent, nous serions à côté de la plaque, car nous souhaitons réduire la part modale de la voiture à 35% d’ici 2030, et porter celle des trans- ports collectifs à 22%. pour cela, il faut proposer une offre attractive, dense, maillée et intermodale. le sytral agit en ce sens depuis des années avec des plans de mandat d’investissement qui dépassent le milliard d’euros. entre 2001 et 2018, l’offre a augmenté de 42% et la fréquentation (480 millions de voyages en 2018) de 58%. paral- lèlement nous avons réussi à ré- duire le déficit du sytral à 160 m€. la gratuité le porterait à 580 m€ et nous priverait d’une capacité d’autofinancement. celle-ci nous a permis de débloquer 6 m€ sup- plémentaires en 2019 pour injecter plus de services dans les bus, le tramway et le métro. en tant qu’élus territoriaux, il est de notre responsabilité de ne pas détruire
Le fonctionnement des transports en commun lyonnais coûte 1,2M€. C’est un réseau coûteux.
l’équilibre vertueux du sytral, salué internationalement. il faut garder à l’esprit l’équilibre des sources de financement.
: que pensez-vous des agglomérations
commes Niort et Dunkerque qui ont opté pour la gratuité des transports publics ?
FB : le contexte est totalement différent. leur objectif n’était pas le report modal. en rendant le transport public gratuit, les élus de Dunkerque ont voulu rendre plus attractif un centre-ville mo- ribond et remplir des bus vides. ce qui n’est pas notre cas. a lyon, le centre-ville est très dynamique et la fréquentation de notre réseau a progressé de 5% en 2018. c’est le résultat du développement de l’offre et du maillage des services que nous avons mis en place. c’est un des moyens pour inciter les automobilistes à laisser leur voiture au garage.
: les partisans de la gratuité avancent
l’argument de tarifs trop coûteux. Que leur répondez- vous ?
FB : nous avons une politique ta- rifaire et solidaire qui offre des réductions de -75% à -80% selon les niveaux de revenus. la quasi totalité de nos abonnés mensuels paye 32€ par mois. ce prix est imbattable, puisqu’il représente environ 1€ par jour. néanmoins, nous travaillons pour améliorer la lisibilité de notre grille tarifaire
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