Page 26 - MOBILITES-MAGAZINE-thematique-N°1
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  Mobilités
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    Les premières livraisons sont at- tendues pour le premier semestre 2019 ! Une énième curiosité tech- nique : le Safra Businova H2 utilise directement l'eau chaude délivrée par la pile à combustible pour le chauffage de l'habitacle, via de tra- ditionnels aérothermes. La clima- tisation a recours à un entraîne- ment électrique du compresseur. Les 1200 litres de bouteilles répartis au pavillon et dans les colonnes techniques stockeront 30 kg d'hy- drogène. La pile à combustible sera directement suivie en maintenance par les équipes de Michelin IMECA, qui revendique pour son équipe-
ment un potentiel compris entre 15 000 et 20 000h de fonctionne- ment. Ceci est rendu possible par le fait que la récupération d'énergie et les demandes de puissance sont assurées par les batteries. La pile à combustible fonctionnant toujours en nominal. Un enjeu électrique également puisque les 200V en sortie de stack doivent être redres- sés en 630V dans le pack batterie. Safra fournira également 5 autres Businova à B.E. Green en cette an- née 2019. Le spécialiste de l'élec- trique ayant intégré un consortium hydrogène piloté par l'Air Liquide. Il profitera également à ce titre
d'une station située à... 900 m du dépôt des Autocars Dominique !
L’alternative Van Hool
L'autre entrant en France pour 2019 est Van Hool avec le très specta- culaire Exqui.City H2 articulé 18 m à livrer au cours du second semes- tre pour le réseau BHNS Phébus de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Ce qui fait dire à Franck Thevissen, re- présentant de la marque Belge en France : « que pour l'autobus ce sera une très grande année pour Van Hool. Cela va avoir un reten- tissement au niveau européen, voire peut-être mondial ». Après
   LE TRANSPORT DE L'HYDROGÈNE : UN VÉRITABLE ENJEU POUR LES FUTURES STATIONS
 un des facteurs de coûts de l'hydrogène est sa très faible densité massique. Ce gaz implique des procédures strictes pendant son transport. Jusqu'à présent, cela n'était pas gênant, puisque souvent produit sur des sites de cogénération industrielle et consommé quasiment sur place. Comment faire s'il faut développer un réseau de sta- tions de ravitaillement ? Différents pôles universitaires ouvrent des pistes intéres- santes.
ainsi, des scientifiques du laboratoire du professeur gabor laurenczy de l’ePFl(1) de lausanne et du groupe suisse gRt ont construit en 2018 la première unité intégrée capable de produire de l’électricité à partir d’acide formique, au moyen d’une pile à combustible, et d’une manière efficace du point de vue énergétique. la pile utilise une membrane à échange de protons classique, mais produit de l'électricité à partir de l'acide formique via un reformeur d'hydrogène. l'intérêt ? un litre d'acide formique trans- porte 590 litres d'hydrogène ! Ce reformeur utilise un catalyseur à base de ruthénium. l'ePFl travaille sur des catalyseurs meilleur marché. autre souci : la puissance de l'unité hYFoRM-PeMFC (800W nominal) est encore trop faible pour une utilisation directe dans un autobus. Mais il y a là un vecteur inté- ressant.
Même démarche et même trouvaille à l'uni- versité d'aix-Marseille, qui découvrit en 2013, presque par hasard, un catalyseur de déshydrogénation. l'idée ? exploiter un po- lymère à base d'hydrure de silicium dans
lequel on vient greffer des liaisons d'hydro- gène. Ce polymère sous forme liquide, inerte, non corrosive ni toxique, rend le transport facile dans n'importe quelle citerne. une réaction chimique dans un catalyseur libère l'hydrogène. l'objectif de Pierre-emmanuel Casanova de la société hysilabs est d'obtenir une certification transport hors de toute exi- gence aDR(2). Pour créer les liaisons cova- lentes il faut travailler en fort apport d'éner- gie ce qui exige d'être proche d'un site de cogénération industrielle produisant à la fois cet hydrogène et disposant de ressources énergétiques d'importance (80 à 85% du coût du procédé se joue ici). la déshydro- génation de l'hydrure de silicium est en re- vanche bien plus simple : un apport d'eau
dans le catalyseur dédié, à proportion stoe- chiométrique, et le tour est joué en moins de 10 secondes !
hysilabs estime qu'un seul camion-citerne de polymère « chargé » transporte 7 fois plus d'hydrogène qu'un équivalent sous 200 bars de pression. hysilabs entame en 2019 la recherche de clients industriels énergé- ticiens tels que eDF, engie, les pétroliers, ainsi que les spécialistes des gaz industriels. et si les stations d'hydrogène étaient déjà à notre portée ?
(1) Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse). (2) Règlement ADR relatif au transport des matières dangereuses.
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