Page 45 - MOBILITES MAGAZINE N°32
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                  Opérateurs & réseaux
rs risque 5 ans de prison
  à 2011, en s’appuyant notamment sur les informations fournies par le groupe Keolis. Même si rien n’assure qu’il n’y en ait pas eu de répréhensibles auparavant.
Entre 2011 et 2016, Christophe Rei- neri a, pour l’essentiel, organisé le paiement par Keolis de dépenses indues, à son profit personnel, à celui de ses sociétés ou de sociétés d’amis personnels.
La facture s’élève à plusieurs cen- taines de milliers d’euros. Elle a provoqué la saisie par le tribunal de sa maison dans la région d’An- gers, d’une autre propriété autour de Toulouse. Au-delà du produit des infractions, le tribunal a confis- qué des avoirs en tenant compte de ce que Christophe Reineri et sa femme avaient pu acquérir grâce à ses détournements. Mais la Cour d’appel a invalidé la saisie de la maison familiale. La cour de cas- sation doit se prononcer mainte- nant sur le sujet. Si elle ne le fait pas d’ici juin, le procès pourrait être reporté.
Rhinocéros et poussin
Parmi les faits qui sont reprochés à Christophe Reineri, il y a des petits « détournements », comme les factures d’entretien de sa voiture personnelle. Son garagiste figure donc parmi les quatre personnes amenées à comparaître autour de lui. Son fournisseur de vin en fait partie, un brestois qui l’a livré pen- dant des années, tout en facturant, lui-aussi directement Keolis. Davantage en lien avec son activité de directeur des transports publics d’Angers, il y a une société borde- laise, chargée par le directeur de Keolis Angers de confectionner
Christophe Reineri, gagné par la folie
des grandeurs et un sentiment d’impunité.
une statue géante de rhinocéros. Elle devait sensibiliser les Angevins, lors de l’inauguration du nouveau tramway d’Angers, en 2011, aux risques qu’il y avait à ne pas faire suffisamment attention au nouveau transport public roulant silencieu- sement dans les rues de la ville. belle allégorie ! brillante commu- nication pour attirer l’attention sur le danger potentiel. Sauf que Chris- tophe Reineri en a profité pour ajouter à la commande passée à la société bordelaise une autre statue, un poussin d’1,50 m de haut qui n’a jamais trouvé place que dans son jardin personnel.
Aucun élu mis en cause
Mais le plus élaboré des méfaits dont il est accusé aura été accompli à travers une société-écran orga- nisant des séminaires sur la côte d’azur pour des clients, notamment des élus. Ceux-ci ne faisaient que répondre à des invitations. Ils igno- raient tout des irrégularités finan- cières commises dans leur dos. Aucun d’entre eux n’est donc mis
en cause par la justice. La fraude était organisée par la société mon- tée par un ami de Christophe Rei- neri. Elle facturerait les séminaires à Keolis, mais recourait sur place aux services de la société de lo- cation de bateaux que possède Christophe Reineri.
Cet ami du Sud, l’Angevin garagiste, le bordelais sculpteur, le brestois caviste ont tous reconnu les faits et leur responsabilité dans l’affaire. Leur propre procès doit avoir lieu en janvier.
Le second volet de l’affaire concer- nera Christophe Reineri et son épouse, elle pour recel. S’il est condamné à de la prison ferme, il devra abandonner, un moment, la nouvelle aventure dans laquelle il s’est lancé depuis 2014 : la pro- duction, à une vingtaine de kilo- mètres d’Angers, d’agrumes et de plantes méditerranéennes pré- cieuses. C’est celle d’un entrepre- neur indépendant cette fois mais ayant à répondre désormais d’une époque où il s’était égaré. z
HUBERT HEULOT
MOBILITÉS MAGAZINE 32 - DéCEMbRE 2019 - 45
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