Page 20 - MOBILITES MAGAZINE Thématique n°3
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  chère, plutôt que sous forme de fac- turation d’heures de programmeurs.
L’inertie de systèmes plus lourds.
D’autant que, dans les systèmes de transport, les modes de réécriture informatique varient, et les stan- dards sont rares. A l’exception, par exemple, de celui de l’association Calypso, originellement de la SNCF, qui édite aujourd’hui des solutions de billettiques accessibles très peu chères à destination même des pe- tits opérateurs de nouvelles mobi- lités (vélo, trottinettes).
Mais cette billettique traditionnelle paraît souffrir aujourd’hui d’une cer- taine inertie. Exemple, avec les va- lideurs des bus, de petits ordinateurs qui mémorisent toute la journée les tickets ou les cartes. Le contenu n’est transmis au serveur central du réseau que le soir, par wifi, une fois le bus retourné au dépôt. Dans une billettique connectée, l’information est transmise instantanément. L’autre grande inertie, pour les nou- veaux acteurs du numérique, est fi- nancière. Les millions d’euros déjà dépensés dans les billettiques mé- ritent qu’on en tire le maximum, quitte à devoir y réinvestir plutôt que tout digitaliser.
Mais les coûts apparaissent de plus en plus énormes. Navigo Liberté à Paris permet simplement de dispo- ser de carnets de tickets dans sa carte. Mais c’est un énorme chan- tier : 50 000 équipements (valideurs, bornes, guichets) à reprogrammer dans toute l’Ile-de-France. Sans compter la SNCF, Optile, la rAtP, de multiples serveurs de sous-traitants d’autobus et d’autocars, 80 exploi- tants au total, avec tous les tests croisés des systèmes informatiques que cela suppose, un coût vite chif- fré en millions d’euros...
La carte OùrA de l’ex-région rhône- Alpes, commune à tous les réseaux de transports doit être étendue au périmètre de la nouvelle région Au-
vergne-rhône-Alpes. La technologie date du début des années 2000, et les derniers valideurs ne pourront être reprogrammés dans les der- niers réseaux qu’en 2023, le tout au coût là aussi de millions d’euros. Le département du Gard a attendu plus de quatre ans avant de disposer des fonctionnalités qu’il demandait.
Les « historiques », échecs et difficultés
Le secteur de la billettique informa- tisée souffre là de ses promesses initiales. Avec elle, au début des an- nées 2000, tout, en quelque sorte, devenait possible. Des villes de moins de 100 000 habitants ont adopté des tarifs aussi compliqués que Paris. « Ça a été open bar », ré- sume un observateur. On a vu fleurir des demandes de tarifs moins chers au-delà de cinq stations, d’interdic- tion avec un ticket d’une heure, d’un retour, une fois l’aller accompli, et ce ne sont là que des exemples. Conséquence : le nom des grands opérateurs de billettiques est main- tenant associé à des échecs ou pour le moins, à de grandes difficultés: thalès à bordeaux, Flowbird (ex- Parkéon) à Lille, Vix à Pont-à-Mous- son, à Lorient, ou brest. Conduent, autre grand billetticien historique (ex Ascom, ACS, Xerox) se veut lucide. « Nous vivons une période compliquée où les collec- tivités territoriales qui ont déjà investi beaucoup recherchent à présent des solutions moins onéreuses », indique Stéphanie Depraz, respon- sable marketing et développement de produit. Conduent, à côté d’une plateforme billettique « riche », bap- tisée, Atlas et de modules de data-
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Romuald Bondoy et Liborio Panzarella, Actoll : « la carte bancaire est la véritable solution d’interopérabilité ».
mining pour ses grands clients, ajoute une offre qui s’inspire des nouvelles tendances. C’est un plon- geon vers le smartphone à techno- logie NFC avec une application mo- bile pour valider en face de tags NFC à coller dans les véhicules. Conduent se rémunère par un pourcentage sur chaque validation. « Ce qui freine un peu les collectivités et les opé- rateurs de transports qui préfèrent en général connaître à l’avance le coût des services qu’ils offrent », reconnaît Stéphanie Depraz. Mais ce mode de facturation, très « digital et numérique » est aussi par exem- ple celui de Mybus.
Le post-paiement en cheval de Troie
« La compétition sur l’innovation tourne beaucoup en faveur des pe- tites sociétés agiles du numérique, qui, dans des petites villes, apportent régulièrement des solutions beau- coup plus sexy pour l’usager comme l’open-paiement ou des applications sur téléphones mobiles que dans les grandes villes », observe Jean- Philippe Amiel, de Nextendis. Exem- ples : Actoll le paiement par carte bancaire à Dreux ; AEP, la même chose à Chartres et Châlons-en- Champagne. Même si, en la matière, Keolis avec Worldline à Dijon fait aussi maintenant référence.
Les agiles, les petites, n’ont pas en- core remplacé leurs concurrents dans les grandes métropoles. Ubi- transport se limite à des systèmes permettant 150 000 validations si- multanées. Une question de vitesse et de volume d’échanges de don- nées que les réseaux actuels ne pourraient gérer. Ce qui va complè- tement changer avec l’avènement de la 5G. Plus rien n’interdira alors les grands transports publics à bil- lettique connectée.
« L’avenir est aux solutions combi- nées », estime cependant Stéphanie Depraz chez Conduent. Ce qui se vérifie déjà sur le terrain. Des ré-
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Saverio Bettini, AEP Ticketing solutions :
« 20 villes clientes en France ».
 20 - MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - OCtObrE 2019
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Jean-Philippe Amiel, Cabinet- conseil Nextendis : « la billettique connectée correspond aux modes de consommation des Millenials ».
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