Page 52 - MOBILITES MAGAZINE n°16
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 Technologies & innovations
                           ANALYSE / Industrie
L’Espagne de l’autocar ou
la revanche des Bourbons
Alors que la France n'a plus de constructeur national d'autocar depuis la fermeture de l'usine Carrier d'Alençon en 2014, on ne peut qu'être surpris de la vitalité de la construction en Espagne. Etat des lieux des forces en présence.
 La comparaison est sévère pour la France. Alors que les derniers autocars et autobus
de grande capacité fabriqués en France le sont dans des usines appartenant à des groupes étran- gers (EvoBus pour Ligny-en-Barrois et CNH Industrial pour les sites Iveco Bus de Annonay et Heuliez Bus de Rorthais), l'Espagne indus- trielle demeure très dynamique, avec deux bassins majeurs. Le Pays Basque avec les frères en- nemis Irizar et Sunsundegui, aux- quels s'ajoutent des équipemen- tiers tels que Jema, spécialistes des composants électroniques et électriques pour l'industrie et les véhicules industriels.
A quelques dizaines de kilomètres de Vitoria se trouve également le carrossier-constructeur Ferqui (dis- tribué en France par Negobus). A cela, il faut ajouter le groupe fer- roviaire CAF. Lequel a repris le
groupe Soulé à Bagnères-de-Bi- gorre. A l'opposé, en Catalogue, on recense Car-Bus, le spécialiste des minicars et minibus Integralia, plus les carrossiers Indcar et Beulas. A cette liste, il faut ajouter le car- rossier UNVI sis à Ourense.
Le Waterloo de l'autocar
Que reste-t-il côté français ? Le dernier secteur encore vivant concerne les minibus, représenté par Dietrich Véhicules, Gruau, Du- risotti et Trouillet Mobilités. Pour l'autocar, depuis la fermeture de Carrier en 2014, c'est le désert. Le « champion national », Renault Véhicules Industriels a été vendu à Volvo AB en 2000, déclenchant par ricochet le transfert complet d'Irisbus et d’Heuliez Bus vers Iveco en 2003. Si des usines fabriquent toujours des autocars et autobus en France, leur destin ne se décide plus ici. Les hypothétiques usines
T L'autre constructeur basque espagnol n'est autre que Sunsundegui.
T Beulas, autre constructeur catalan, s'est fait une spécialité des autocars de tourisme sur mesure.
Q Indcar, basé en Catalogne, est populaire en France avec ses Mago et Wing (modèle illustré ici).
Q Dietrich Vehicules travaille sur des minibus comme la plupart des carrossiers- constructeurs français encore en activité.
chinoises BYD, Yutong, voire CRRC, financées à coup de subventions par des collectivités territoriales ne font hélas que confirmer cette tendance. On peut objecter à cela l'arrivée de BlueBus du groupe Bolloré. La construction française d'autocars a donc bel et bien dis- paru. Si l'industrie automobile al- lemande est aussi forte, tout comme l'industrie espagnole de l'autocar, c'est que ces deux pays ont su créer un marché intérieur favorable pour celles-ci. Les marques locales ont pu y prospérer. Fortes de leurs parts de marché domestiques, elles ont pu partir à l'assaut d'autres territoires en Eu- rope et dans le monde....z
52 - MOBILITÉS MAGAZINE 16 - JUIN 2018
JEAN-PHILIPPE PASTRE

















































































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