Page 22 - MOBILITES MAGAZINE n°37
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                               Opérateurs & réseaux
 nier : « imaginez un TGV Bor- deaux-Paris, qui serait terminus à Poitiers, cela serait très pénalisant pour nous », illustre Jean-Pierre Farandou.
L’aménagement de conditions sanitaires
avec le port du masque, la com- pagnie nationale envisage égale- ment de renforcer la protection des voyageurs grâce à de nou- veaux équipements, aussi bien dans les gares que dans les trains. La distribution de gel hydroalcoo- lique devrait être généralisée et notamment disponible dans les toilettes des TGV. Les opérations de nettoyage et de désinfection
seront multipliées, ce qui pénalisera sans doute la régularité des circu- lations. D’une façon générale, il conviendra pour le transporteur de faire en sorte que l’appréhension de la clientèle, sur le plan sanitaire, soit la moins importante possible, de façon à ce qu’elle reprenne le chemin des transports en commun et que cette crise n’aboutisse pas à un recours massif à la voiture individuelle. Et aussi relancer l’éco- nomie de l’entreprise bien mise à mal après la grève liée à la réforme des retraites.
Les Régions au premier rang
S’il est prématuré de répondre à la question du coût engendré par
la crise sanitaire, nul doute qu’il sera très élevé et que ce déficit s’ajoutera à celui généré par la grève d’un mois, liée à la réforme des retraites. Dans un premier temps, Jean-Pierre Farandou sou- haite se montrer rassurant sur l’état de la trésorerie : « Nous venons de lever la semaine dernière 1,250 Md€ de « green bonds » et nous serons vigilants, en particulier sur le respect des dates d’échéance des factures de nos fournisseurs, pour ne pas les mettre en diffi- culté ». Pour ce qui est des ave- nants qui ne vont pas manquer d’être signés avec les Régions concernant les conventions des transports régionaux, « je pense qu’elles accepteront de payer le coût du service et que nous aurons des discussions sur la partie concer- nant les pertes de recettes, compte tenu de cet épisode de force ma- jeure », avance Jean-Pierre Faran- dou. La SNCF souhaite ainsi se rapprocher des présidents de Ré- gion. Car ceux-ci devraient être associés dans l’optique d’une re- programmation de certains travaux ou pour la revisite de certains grands projets. Des discussions qui pourraient donner lieu à des échanges animés.
Pas de cessions d’actifs envisagées pour l’instant Pour autant, la SNCF n’envisage pas de cessions d’actifs, pour ce qui est de ses filiales majeures, Eurostar, Keolis, Geodis..., même si elles aussi sont actuellement dans la souffrance. « Le groupe SNCF n’a pas vocation a financer des déficits pour des activités réa- lisées à l’international », a com- menté cependant Jean-Pierre Fa- randou. Mais la situation semble aujourd’hui sous contrôle, avec notamment Geodis, impliquée en asie, et qui commence à profiter de la relance.z
        LE COVID S’INVITE DANS L’OUVERTURE À LA CONCURRENCE
Dans ce contexte particulier, le principe de l’ouverture à la concurrence reste maintenu, même si le calendrier peut s’en trouvé bouleversé. Ainsi, la société espagnole Renfe s’est déclarée intéressée par la liaison à grande vitesse entre barcelone, lyon et Paris, via la vallée du Rhône. De son côté, la SNCF n’est pas restée inactive, et vient de se voir attribuée, pour 10 ans, l’exploitation d’une quinzaine de lignes à grande vitesse outre Pyrénées. A partir de la fin de cette année, en principe, elles seront opérées par des rames TGV low-cost de type ouigo d’Alstom répondant aux normes espagnoles. Jean-Pierre Farandou l’a confirmé devant le Sénat : « le réseau à grande vitesse espagnol est d’une taille plus importante que le nôtre, mais ses lignes sont moins fréquentées ». En France, l’italien Trenitalia, qui exploite déjà des trains classiques Thello, entre Paris, Chambéry et l’italie avait affiché son souhait d’exploiter des TGV entre Paris, lyon, Chambéry, Modane et l’italie, à partir de ce mois de juin, projet contrarié par la situation actuelle. Par ailleurs, la branche française du groupe allemand Flixbus vient d’annoncer le report sine die du lancement de Flixtrain, visant à proposer des services de trains low-cost sur lignes classiques, qui auraient dû se concrétiser en 2021. Flixbus ambitionnait depuis Paris, de desservir bruxelles, lyon, bordeaux, Toulouse et Nice, en train de nuit pour cette dernière liaison, conformément à son dossier déposé auprès de l’Autorité de la Régulation des Transports. « Le principal obstacle que nous voyons est le coût des infrastructures en France, comparé à d’autres marchés européens », a justifié Yvan le- franc-Morin, DG de Flixbus France, à l’AFP le 14 avril. En revanche, la consultation pour les lignes Nantes-bordeaux et Nantes-lyon suit son cours en vue d’annonces en fin d’année.
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JEAN-FRANÇOIS BÉLANGER
    





















































































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