Page 49 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE _ NOUVELLE FORMULE
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FORMATION
cahier
courte durée d’action. Plus les durées d’action sont courtes, plus les produits sont addictogènes. Ils provoquent une stimulation neurobiologique importante de la dopamine, dont le taux de concentration est éliminé rapide- ment. Leur consommation pro- voque « des hauts et des bas », des effets de pics qui incitent à consommer rapidement à nou- veau pour éviter les effets rapides du manque. Les médicaments à durée d’action plus longue aug- mentent le taux de dopamine plus lentement, avec des effets de pics minimes.
q Un renforcement négatif Le maintien de la consommation, qui permet d’éviter les symp- tômes désagréables du sevrage, est un renforcement négatif de l’addiction. Ce dernier peut être à l’origine du maintien d’une consommation, parfois « involon- taire », chez une personne qui, ayant pris l’habitude de consom- mer un médicament prescrit, ne peut plus s’en passer, sous peine de souffir. Par exemple, dans le cas d’une douleur aiguë traitée par des antalgiques opioïdes – qui ont un fort potentiel d’addiction – , plus ou moins rapidement, de façon insidieuse, le patient res- sentira le besoin de continuer à prendre ce médicament, non plus pour soulager la douleur initiale, mais pour éviter le mal-être res- senti à cause du manque.
Les autres neurotransmetteurs D’autres neurotransmetteurs et neuromodulateurs sont impliqués dans la mise en place des pro- cessus de dépendance, notam- ment l’acide gamma-aminobuty- rique (GABA), le glutamate, la sérotonine et la noradrénaline.
Le circuit de la récompense
Pharmacodépendance et sevrage
Cortex Septum
Cortex préfrontal
Noyau accumbens Hypothalamus
Amygdales Hippocampe Aire tegmentale
ventrale
LA PHARMACO- DÉPENDANCE L’addiction médicamenteuse Concernant la dépendance à des médicaments, l’appellation « addiction médicamenteuse » est couramment employée, mais c’est le terme « pharmacodépen- dance » qui est retenu par le Code de la santé publique, cette notion étant appliquée aux « substances ou plantes ayant un effet psy- choactif, ainsi qu’aux médica- ments ou autres produits en contenant, à l’exclusion de l’alcool éthylique et du tabac ». L’explication la plus simple est donnée par le comité d’experts de la pharmacodépendance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), soit « un état dans lequel l’individu a besoin de doses répétées du médicament pour se sentir bien ou pour éviter de se sentir mal » (1). Ce type de dépendance peut mener à une automédication à des doses importantes, qui produisent des modifications physiques ou com- portementales et entraînent des
q Le circuit de la récompense correspond à un réseau
de connexions entre les neurones de l’aire tegmentale ventrale
et ceux du noyau accumbens.
La dopamine a une action centrale dans le processus neurobiologique de l’addiction.
Entrées sensorielles
Source : d'après la banque de données de l'Académie de Dijon (svt.ac-dijon.fr).
Sorties motrices
Cervelet
Entrées sensorielles
Voies nerveuses utilisant
le neurotansmetteur “dopamine”
risques graves, par exemple une augmentation hautement signi- ficative du risque d’accident chez les conducteurs exposés aux benzodiazépines (2). Ce qui en fait un problème de santé publique.
La pharmacovigilance
La France s’est dotée d’un dispo- sitif spécifique d’addictovigilance chargé de la surveillance des cas d’abus et de pharmacodépen- dance liés à la prise de subs- tances psychoactives licites ou illicites, à l’exclusion de l’alcool éthylique et du tabac. Ce système repose sur un réseau de treize centres d’évaluation et d’infor- mation sur la pharmacodépen- dance-addictovigilance (CEIP-A), répartis sur toute la France, qui travaillent en lien avec l’Agence nationale de sécurité du médica- ment et des produits de santé (ANSM).
LES MÉDICAMENTS PSYCHOACTIFS
Tous les médicaments psychoac- tifs sont susceptibles d’entraîner une pharmacodépendance. Q
(1) Comité OMS d’experts de la pharmacodépendance, « OMS, série de rapports techniques, n°915 », 33e rapport, 2003 (lien : bit.ly/2Df4wad).
(2) ANSM, « État
des lieux de la consommation
des benzodiazépines en France », avril 2017 (lien : bit.ly/2Dn9DV4).
L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018 35