Page 60 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE _ NOUVELLE FORMULE
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FORMATION
Q leur, aggravée par une augmen- tation de la posologie; Ul’accoutumance ou tolérance : nécessité d’augmenter la poso- logie pour obtenir le même sou- lagement de la douleur.
SYNDROME
DE SEVRAGE
Un syndrome de sevrage est associé à tous les agonistes mor- phiniques (morphine et dérivés, fentanyl et dérivés), y compris avec les morphiniques dits « mineurs » pris à dose élevée, et avec les agonistes partiels si associés à des sédatifs (bupré- norphine). Le premier symptôme du sevrage aux opioïdes est l’augmentation de la douleur, soit de la douleur à l’origine de la prescription, soit de douleurs au niveau des articulations et des muscles. Les autres symptômes, proches d’un syndrome grippal, peuvent se manifester dans les six à trente-six heures qui suivent la dernière dose d’opioïde consommée: sueurs, frissons, migraines, douleurs musculaires ou articulaires, crampes abdomi- nales, nausées, vomissements, diarrhée, fatigue, anxiété, trou- bles du sommeil.
STRATÉGIES
DE SEVRAGE Diminution des doses UPour les opioïdes forts, la dimi- nution de la posologie peut être au maximum d’un tiers de la dose précédente chaque jour. Elle sera réalisée au mieux par diminution d’un tiers chaque semaine en cas de traitement prolongé(2).
U Pour les opioïdes faibles, il n’y a pas de recommandations sur les modalités de sevrage à un antalgique opioïde faible. En 2012, le réseau des CEIP-Addictovigi- lance a mené une enquête
(1) Institut national
de la santé
et de la recherche médicale (Inserm),
« Médicaments psychotropes : consommations et pharmacodépendance », octobre 2012 (lien : bit.ly/2B5rBGz).
(2) Afssaps, devenue ANSM, « Mise au point sur le bon usage des opioïdes forts dans le traitement des douleurs chroniques non cancéreuses », 2004 (lien : bit.ly/2DzT8Cf) (3) Réseau français des CEIP-Addictovigilance,
« Sevrage des antalgiques de palier II (codéine, tramadol et poudre d’opium) : enquête sur les pratiques des médecins exerçant en algologie et addictologie », 2012 (lien : bit.ly/2DBQGvA).
auprès de médecins exerçant en algologie et en addictologie ( 3). Les résultats montrent que la diminution des doses est en moyenne de 25 % par paliers de dix jours en algologie et de 15 % par paliers de dix jours en addic- tologie.
La rotation d’opioïdes
Le recours à la rotation d’opioïdes est envisagé en présence d’effets indésirables ou en cas d’ineffica- cité thérapeutique de l’opioïde utilisé.
Si, après l’essai bien mené de deux ou trois opioïdes différents, le patient continue à signaler une douleur intense, il est possible d’évoquer un risque de pharma- codépendance.
L’utilisation
de la kétamine
Chez les patients souffrant d’une douleur chronique, l’administra- tion intraveineuse de kétamine est indiquée dans certains cas.
Elle est possible en ambulatoire dans un cadre surveillé et spé- cialisé.
Traitements
de substitution
Le traitement de substitution consiste à remplacer la consom- mation en cause par la prise de médicaments opiacés de longue durée d’action, trente-six à qua- rante-huit heures pour la métha- done, qui évite les « effets de pic ». L’objectif du traitement est de prévenir la symptomatologie psychique et physique du sevrage. L’enquête du réseau des CEIP-Addictovigilance rapporte qu’en addictologie, le recours aux médicaments de substitution aux opiacés est autant utilisé que la diminution progressive des doses pour le sevrage aux antalgiques opioïdes faibles.
q La méthadone
La méthadone est un agoniste des récepteurs opiacés. Comme
Outil de dépistage d’un mésusage
Parmi les outils de repérage de bonnes qualités, le Prescription Opioid Misuse Index (POMI) semble être pertinent pour un dépistage rapide d’un mésusage d’un antalgique opioïde en cours de trai- tement. Cet auto-questionnaire est particulièrement adapté à un usage en soins primaires.
q Répondre le plus spontanément possible
- Vous arrive-t-il de prendre plus de médicaments (c’est-à-dire une dose plus importante) que ce
qui vous est prescrit ? Oui/Non
- Vous arrive-t-il de prendre plus souvent vos médicaments (c’est-à-dire raccourcir le temps entre
deux prises) que ce qui vous est prescrit ? Oui/Non
- Vous arrive-t-il de faire renouveler votre traitement contre la douleur plus tôt que prévu ? Oui/Non
- Vous arrive-t-il de vous sentir bien ou euphorique après avoir pris votre médicament antalgique ?
Oui/Non
- Vous arrive-t-il de prendre votre médicament antalgique parce que vous êtes tracassé ou pour vous aider à faire face à des problèmes autres que la douleur ? Oui/Non
- Vous est-il arrivé de consulter plusieurs médecins, y compris les services d’urgence, pour obtenir vos médicaments antalgiques ? Oui/Non
q Résultat : chaque réponse « Oui » compte 1 point et chaque « Non », 0 point. Un score ≥ à 2 est considéré comme positif et objective une situation de mésusage.
Source : Société française d’évaluation et de traitement de la douleur (SFETD), Recommandations de bonne pratique clinique, « Utilisation des opioïdes forts dans la douleur chronique non cancéreuse chez l’adulte », janvier 2016
(lien : bit.ly/1rdevSp).
46 L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018