Page 35 - MOBILITES MAGAZINE N°30
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                    eut relancer les centres-villes
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: le concept reste malgré tout rejeté par
beaucoup.
GA : oui, c’est bien normal. là où les investissements pèsent lourd, où la billetterie apporte une grande part du financement, comment s’en passer ? cette solution ne vaut pas pour tout le monde. mais la gratuité hystérise un peu moins les conversations aujourd’hui qu’hier. le débat s’apaise entre pour et contre. les opérateurs de transports notamment, très hostiles au départ, parce qu’après tout, les recettes de billetterie servent aussi à les rémunérer, y viennent aussi. parce qu’il y a une demande des villes en ce sens. et les villes qui se sont lancées ont affiché des réussites extraordinaires.
: avec le recul, quelles sont les plus grandes vertus de la gratuité face aux
défis d’aujourd’hui ?
GA : la première est toute simple. elle apporte le libre-accès. ce n’est pas rien. l’accès au transport public doit être simple parce que ce n’est pas comme sa voiture, il faut déjà au moins marcher jusqu’à l’arrêt de bus pour le rejoindre. immédiatement ensuite, c’est une avancée sociale. les transports sont ouverts à tous. ceux qui lui opposent la tarification sociale se- lon le revenu se trompent. S’il faut sortir ses bulletins de paie, ses feuilles d’impôts, pour prendre les transports, on peut se sentir stig- matisé, il reste des freins. or l’in-
La première motivation de mon prédécesseur qui a décidé de la gratuité, était l’efficacité : que l’argent public
ne soit plus gaspillé dans le sens où
il ne servait pas à grand monde.
 © direction de la communication châteauroux métropole
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   Gil Averous (à droite) en compagnie de Jean-François Mayllet, son prédécesseur qui a instauré la gratuité des transports publics en 2001.
clusion, notamment des plus pau- vres, est un des enjeux de nos sociétés. ensuite, il y a l’enjeu éco- logique. là, c’est moins évident. parce que la gratuité peut par exemple favoriser l’étalement ur- bain. mais souvent, le passage à la gratuité est utilisé comme une mesure-choc pour changer de cap vers un système de mobilité plus propre qui nécessitera certainement d’autres investissements.
: l’affaiblissement des capacités à investir,
justement, a souvent été cité par les opposants à la gratuité.
GA : cela fait partie des idées re- çues dont il me semble que l’on sort peu à peu. bien évidemment, quand la billetterie couvre 30, 40 ou 50% les dépenses de fonc- tionnement, y renoncer peut han- dicaper les investissements. la gratuité est plutôt faîte pour des villes comme les nôtres où elle ne nous apportait plus grand-chose. mais cela ne nous a pas empêché d’investir. le défaut d’investisse-
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MOBILITÉS MAGAZINE 30 - octobre 2019 - 35












































































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