Page 46 - Voyages&groupe n°18
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                               des massacres réguliers permet- taient de canaliser les frustrations sur quelque bouc émissaire. En 1905, le terrible pogrom d'Odessa marquera à vie Zeev Jabotinski, qui fondera une ligue de défense, puis la Haganah, embryon de l'armée israélienne.
L'avenue Evreïskaya "rue Juive", existe toujours. On admirera aussi la fastueuse maison Rafalovitch, une des trois plus riches familles juives du cru, et on peut visiter la Grande Synagogue, paradoxa- lement plus petite que la ma- gnifique synagogue Brodsky, construite en 1863. Ce sanctuaire du judaïsme libéral attirait les meilleurs chantres de l'empire, et même les chanteurs de l'opéra voisin, au point que les compo- siteurs Rimski-Korsakov et Mous- sorgski venaient y écouter l'office du sabbat. En marge de ce quar- tier opulent, les juifs peuplaient les taudis périphériques, qui ins- pirèrent Cholom Aleïchem (1859- 1916), écrivain yiddish new-yor- kais qui, à défaut d'être riche, deviendra immortel grâce au film musical Un violon sur le toit (1971). Il ne faut pas hésiter à flâner au milieu des maisons à un étage et des arrières-cours fleuries de Moldavanka, quartier pauvre où l'écrivain Isaac Babel (1894-1940), place l'action de ses Contes d'Odessa. On y retrouve l'atmo- sphère et le décor des exploits de son héros Benia Krik, roi de la pègre aux jugements dignes de Salomon. Son chef-d'œuvre inspirera les scénaristes du Par- rain et Sergio Leone pour Il était une fois en Amérique.
Ecrivant d'abord en français, Ba- bel désespérait d'être publié quand il rencontra Maxime Gorki, qui l'incite à accumuler les ex- périences avant de reprendre la plume. Babel s'engage donc comme correspondant de guerre dans les troupes montées co-
1 L’opéra, centre-ville.
2 La grande synagogue, à nouveau en activité.
3 Des façades marquées par le style italien.
4 Une ville riche en architecture Art Nouveau.
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saques de Boudienny, ralliées au pouvoir communiste. Travail- lant pour la sinistre Tcheka (an- cêtre du KGB), Babel publie en parallèle des nouvelles réalistes, Cavalerie Rouge, qui ne font au- cun mystère des viols, vols et cruautés des cosaques, ni de leur bravoure. Babel sera fusillé à Moscou, pour avoir imprudem- ment renoué avec son ex-com- pagne... devenue celle de Lejov, un cadre du NKVD (autre ancêtre du KGB), exécuté peu après : les deux rivaux gisent, non identifiés, dans la même fosse commune moscovite.
Mais à Odessa, rue Joukov, non loin de son domicile du 17 de la Richelievskaya, l'écrivain est por- traituré, désespéré, à côté d'une roue abîmée symbolisant la des- tinée.
Le petit musée juif d'Odessa est très émouvant : des familles is- raélites du monde entier lui ont fait don des reliques, religieuses ou quotidiennes de leur passé odessite.
Un peu de mythologie
Avant de quitter la "Palmyre du Sud", les amateurs d'histoire ré- cente pourront jeter un oeil à la Maison des Syndicats (dans le parc, à l'est de la gare) où, en 2014, une foule chauffée par les
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  Hors de France
          
















































































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