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Des chiffres records q
>Surtourisme. Ras-le-bol de MONDE villes européennes, crises de surcapacité : la hausse
du tourisme de masse devient la préoccupation majeure du secteur. Comment expliquer cette tendance ? Etat des lieux.
Le tourisme international ne s’est jamais aussi bien porté. Si l’on en croit les derniers
chiffres publiés par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les arrivées 2017 ont bondi de 7%, à 1323 millions, soit quelque 84 millions de plus qu’en 2016. « Le secteur connaît une croissance ininterrompue depuis huit années consécutives », constate l’OMT, ajoutant que le tourisme inter- national poursuit sur sa lancée positive, avec une augmentation annuelle de 6% des arrivées entre janvier et avril 2018.
En 2030, il y aura 1,8 milliard de touristes dans le monde.
Une chose est sûre : cet essor infini est impossible dans un es- pace qui est, lui, limité, comme en témoignent déjà de plus en plus de conflits visibles. Et de parler de « surtourisme ».
Avec toujours les mêmes circuits, toujours les mêmes sites et lieux fréquentés par les touristes. Et tous en même temps.
Le World Travel & Tourism Council a dévoilé, en décembre 2017, une étude sur le sujet, en partenariat avec le cabinet McKinsey & Com-
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pany, dont les résultats ont mis à jour cinq aspects causés par le « surtourisme » : aliénation des habitants locaux, dégradation de l’expérience touristique, sur- charge des infrastructures, impact négatif sur l’environnement et menace sur la culture et le patri- moine. « 36% des habitants son- dés dans des destinations en surchauffe considèrent que les visiteurs internationaux mettent trop de pression sur leurs pays », souligne le cabinet McKinsey.
Quotas de touristes limi- tés, mesures radicales
A Amsterdam, par exemple, pour une population de 850 000 ha-
bitants, ce sont 18 millions tou- ristes qui y sont attendus cette année, une progression de 11% par rapport à l’année précédente. On estime qu’en 2025, pas moins de 23 millions de touristes en- vahiront le centre-ville. En l’espace d’une décennie, leur nombre a progressé de 60%.
La capitale néerlandaise est un exemple parmi d’autres, car beau- coup d’autres destinations tou- ristiques sont confrontées au même problème, et ne peuvent pas gérer un tel afflux de visiteurs. Certaines ont donc commencé à agir pour protéger ces lieux de la surpopulation touristique. Venise (30 millions de visiteurs par an pour 265 000 habitants) a décidé qu’à partir de 2019, les navires de croisière quitteront peu à peu le large canal de Giu- decca, qui traverse la ville et longe la place Saint-Marc. Parallèlement, la Cité des Doges a édité un guide mensuel intitulé Détourisme, qui met en valeur les sites secondaires dans l’espoir de dissuader les touristes de se masser aussi nombreux que les pigeons place Saint-Marc.
“
touristiques, réduire
la saisonnalité et mettre en valeur les destinations les moins connues.
Diversifier les activités
”
Tendance
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