Page 12 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - DOSSIER - CAHIER DE FORMATION
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                 FORMATION
(3) Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm),
« Médicaments psychotropes : consommations et pharmacodépendances », octobre 2012 (lien : bit.ly/2B5rBGz).
(4) ANSM, résumé des caractéristiques du produit, juin 2013 (lien : bit.ly/2rfZeGe).
C’est le cas notamment des antal- giques opioïdes et des psycho- tropes.
Les antalgiques opioïdes
Dans le cadre d’un usage théra- peutique contrôlé, les opioïdes utilisés pour soulager la douleur n’entraînent pas ou peu de dépendance. Le problème se pose en cas de consommation maintenue après la disparition de la douleur à soulager. Une telle prise prolongée est susceptible d’affecter certaines zones céré- brales impliquées dans les addic- tions et d’engendrer alors une pharmacodépendance caractéri- sée par un syndrome de sevrage lors d’un arrêt brutal de la consommation ou d’une diminu- tion trop rapide des doses (voir Savoir faire, p.44).
Les psychotropes
Les médicaments psychotropes agissent sur l’état du système nerveux central en modifiant cer- tains processus cérébraux. Ces produits sont utilisés dans un cadre thérapeutique, pour leurs propriétés sédatives ou stimu- lantes, qui améliorent certaines altérations du comportement et de l’affectivité.
q Les situations à risque Les risques de la consommation de psychotropes sont liés en pre- mier lieu à la baisse de vigilance, facilitant la survenue d’accidents, principalement avec les benzo- diazépines. Ces risques seraient plus importants en début de trai- tement, lors de prises occasion- nelles, ou en cas d’association avec l’alcool ou d’autres psycho- tropes. Chez le sujet âgé, la consommation de benzodiazé- pines est associée à des risques de confusion mentale, de pro-
blèmes respiratoires, de myore- laxation, de chutes (fractures) et de troubles de la mémoire.
q Plusieurs catégories
Il existe différentes classes de médicaments psychotropes : les anxiolytiques et les hypnotiques (souvent des benzodiazépines), les antidépresseurs, les antipsy- chotiques (neuroleptiques), les régulateurs de l’humeur (notam- ment le lithium), les psychosti- mulants (méthylphénidate et modafinil).
Q Les benzodiazépines Lorsqu’elles sont apparues dans les années 1960, les benzodia- zépines représentaient un net progrès par rapport aux barbitu- riques et autres sédatifs appa- rentés, plus toxiques (risque d’overdose) et associés à un risque important de dépendance. La diazépine (Valium), commer- cialisée en 1963, reste un des « tranquillisants » les plus utilisés et sert encore de référence. Le risque de dépendance à ces trai- tements, longtemps considéré comme minime, a été identifié avec leur utilisation (voir Savoir faire, p.38).
Q Les antidépresseurs L’ensemble des données de la lit- térature relève quelques cas de dépendance avec des antidé- presseurs de type amphétami- nique, comme la tianeptine (Sta- blon), et très peu chez les patients traités avec les autres classes d’antidépresseurs, dont les inhibiteurs de recapture de la sérotonine et/ou de la noradré- naline ( 3). La 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) décrit des symptômes de sevrage pos- sibles avec les antidépresseurs après une consommation conti- nue d’au moins un mois. Parmi
les symptômes observés lors d’un arrêt brutal ou d’une réduc- tion marquée de la dose : anxiété, sentiment de crainte, nausées, hypersensibilité aux bruits ou aux lumières... Le risque de syndrome de sevrage serait plus important avec les médicaments à action brève arrêtés brusquement, comme la paroxétine (Deroxat). Selon le DSM-5, une interruption brutale du traitement doit être évitée avec tous les antidépres- seurs. Les doses de sertraline (Zoloft), par exemple, doivent être réduites progressivement sur au moins une à deux semaines pour éviter ou diminuer les risques de réactions de sevrage. Et la survenue de symptômes intolérables peut faire envisager une reprise de la dose précédant la diminution, pour reprendre une baisse des doses plus progressive par la suite (4).
PRISE EN CHARGE
DU SEVRAGE
Dans un premier temps, la prise en charge consiste en une réduc- tion progressive des doses, qui peut être mise en place par le médecin prescripteur (voir Savoir faire, p.38). Les traitements par benzodiazépines sont initiés par des médecins généralistes dans environ 82 % des cas (2). L’adhé- sion du patient à la stratégie d’ar- rêt est indispensable. Dans un second temps, si la prise en charge s’avère inefficace, une orientation vers un centre ou un réseau d’addictologie de proxi- mité est justifiée. Lorsque l’ad- diction médicamenteuse est avé- rée et associée à d’autres addic- tions, alcool ou opiacés par exemple, elle est assimilée à une démarche toxicomaniaque qui peut d’emblée relever d’une prise en charge spécialisée. 
 36 L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018
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