Page 13 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - DOSSIER - CAHIER DE FORMATION
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                 FORMATION
cahier
Pharmacodépendance et sevrage
    Les données de l’addictovigilance
Les centres d’addictovigilance réalisent plusieurs enquêtes phar- maco-épidémiologiques.
1. Abus de médicaments psychoactifs et décès L’enquête Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances (Drames) recueille et évalue les cas de décès liés à l’usage abusif de substances psy- choactives.
Les résultats de 2015 montrent une stabilité des décès directe- ment imputables aux opioïdes li- cites, qu’il s’agisse de cause toxique seule ou avec pathologie associée. Sur les 343 décès étu- diés, la morphine est impliquée dans près de 5 % des cas, suivie par le tramadol, le fentanyl, la pholcodine et la codéine.
2. Décès toxiques par antalgiques (DTA)
L’enquête annuelle DTA recueille et évalue les cas de décès liés à l’usage de médicaments antal- giques. Cette étude a été décidée après le retrait du marché des spécialités contenant du dextro- propoxyphène (Di-Antalvic) en 2011, et en raison d’un risque de report vers d’autres antal- giques dont le profil de sécurité d’emploi peut être moins favo- rable, en particulier le tramadol. Les résultats de 2015 montrent que quatre molécules sont prin- cipalement impliquées : le tra- madol, dans 34 % des décès, et
la morphine, dans 32 %. Ils sont rejoints par la codéine, impliquée dans près d’un quart des décès, suivie de l’oxycodone, avec 10 %.
3. Prescriptions d’antalgiques stupéfiants Les résultats de l’enquête An- talgiques, stupéfiants et ordon- nances sécurisées (ASOS), menée auprès de 1 500 pharmacies d’of- ficine en 2015, montrent que les antalgiques stupéfiants les plus prescrits sont :
- par dénomination commune in- ternationale (DCI) : morphine (37,5 %), oxycodone (32,6 %) et fentanyl (28,7 %) ;
- par spécialité : Durogésic et gé- nériques (24,5 %), Skénan (19,7 %), Oxycontin (17,5 %) et Actiskénan (15,3 %).
Les médecins libéraux représen- tent 79,3 % des prescripteurs, les hospitaliers, 20,7 %. Dans 80,5 % des cas, le prescripteur est généraliste, dans 19,5 % des cas, c’est un spécialiste.
4. Psychotropes détournés
L’enquête Observation des pro- duits psychotropes illicites ou détournés de leur utilisation mé- dicamenteuse (Oppidum) permet de surveiller l’évolution de la consommation de psychotropes et d’alerter les autorités sani- taires sur les nouvelles pratiques. Les données sont recueillies au- près de patients présentant un abus, une dépendance, ou sous
traitement de substitution aux opiacés via des structures spé- cialisées dans la prise en charge des addictions.
Les résultats de 2015 montrent une diminution de la consom- mation d’antalgiques opioïdes dans ce contexte (3,8 % en 2013, 4,7% en 2014 et 4% en 2015), alors que cette consommation était en progression depuis 2008. Diminution liée principalement à la baisse de la consommation de morphine. Tandis que la consommation de tramadol aug- mente depuis trois ans.
En 2015, les trois benzodiazé- pines les plus consommées par ces patients sont l’oxazépam (Se- resta), le diazépam (Valium) et la zopiclone (Imovane).
5. Ordonnances suspectes en officines
Depuis 2001, l’enquête Ordon- nances suspectes, indicateur d’abus possible (Osiap) contribue à l’évaluation du potentiel d’abus et de dépendance des médica- ments grâce au recueil des or- donnances suspectes identifiées par les pharmaciens d’officine. Les résultats de 2015 montrent que le zolpidem (Stilnox) est la substance la plus fréquemment citée (36,2 %), suivie par la co- déine en association au paracé- tamol (10,5 %), le bromazépam (Lexomil) avec 9,5 % des cita- tions, l’alprazolam (Xanax) avec 9,3%, et le paracétamol (7,6 %).
   L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018 37
   Épidémiologie












































































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