Page 17 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - DOSSIER - CAHIER DE FORMATION
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FORMATION
cahier
Pharmacodépendance et sevrage
Pourquoi le médecin veut-il
me faire diminuer les BZD
alors que je vais bien ?
Parce que ça fait longtemps que vous en prenez et qu’il n’est pas sûr que vous en ayez encore besoin alors que les effets indésirables per- durent. La seule manière de vérifier l'utilité du médicament est de l’ar- rêter momentanément, ce qui ne peut se faire que par une baisse très progressive des doses. Ce sont les recommandations de la Haute Auto- rité de santé. Si vous en avez tou- jours besoin, le médecin n’arrêtera pas le traitement.
également pour potentialiser l’ef- fet d’autres substances comme l’héroïne,
Udéveloppe une très haute tolé- rance et peut consommer plus de 100 mg par jour en une seule dose pour maximiser l’effet ; Upeut présenter un problème d’alcool concomitant.
q Capacité des personnes
à arrêter le traitement L’évaluation des capacités du patient à arrêter son traitement par BZD permet de lui proposer une prise en charge adaptée. Q Critères favorables
à un arrêt des BZD
ULa personne manifeste le sou- hait d’arrêter. Elle est conciliante et motivée.
UElle ne présente pas de symp- tômes de dépression, de syn- dromes d’anxiété ou d’insomnie sévères anciens, ou de problèmes médicaux non stabilisés ou non contrôlés.
UPrésence d’un support social adéquat (insertion sociale, envi- ronnement aidant, etc.). UAbsence d’antécédents de complications à l’arrêt de médi- caments.
ULa personne peut être réguliè- rement revue par un profession- nel de santé pour un suivi.
Q Critères plaidant pour une prise en charge spécialisée Dans des cas plus complexes, l’avis d’un spécialiste, psychiatre ou addictologue, ou l’orientation vers une structure spécialisée, peuvent être justifiés. C’est le cas si:
Udoses très élevées de BZD, usage récréatif ou association à d’autres psychotropes ; Uhistorique d’alcoolisme ou autre dépendance ;
Upathologies sévères concomi- tantes, insomnie rebelle, désor- dres psychiatriques ou troubles de la personnalité ; Uantécédent(s) d’abandon de sevrage médicamenteux.
Prise en charge
de l’arrêt des BZD
q Dépendance à dose thérapeutique
Dans ce cas, les patients peuvent bénéficier d’une première inter- vention par le médecin traitant. Des outils, tels un agenda de sommeil et/ou un calendrier de décroissance posologique avec relevé des symptômes inhabi- tuels, peuvent être proposés. Si le patient le souhaite, l’entourage ou d’autres professionnels de santé, notamment pharmacien et/ou infirmière, peuvent être impliqués dans le suivi. La dimi- nution progressive de la posolo- gie peut s’effectuer avec ou sans substitution par le diazépam (Valium et génériques).
q Situations complexes
Un avis spécialisé est recommandé en présence de dépendance à l’al- cool, d’autres dépendances, d’usa- ge récréatif, d’association à d’autres psychotropes, d’antécédent(s) d’abandon de sevrage médica- menteux, de pathologies sévères concomitantes ou de troubles psy-
chiatriques sévères (4). L’arrêt avec substitution par le diazépam (Valium et génériques) peut être envisagé (voir le paragraphe «Subs- titution par le diazépam» p. 42).
q Prise en charge
en ambulatoire
La démarche d’arrêt peut être conduite par le médecin généra- liste ou en consultation spéciali- sée d’addictologie, par exemple en centre de soins, d’accompa- gnement et de prévention en addictologie (Csapa). En cas de complications ou comorbidités médicales importantes, le recours à des prises en charge multidis- ciplinaires est préconisé.
Modalités d’arrêt des BZD
q Adhésion du patient L’adhésion du patient à une démarche d’arrêt est indispensa- ble. Les modalités de l’arrêt pro- gressif sont négociées avec lui. Un suivi régulier et fréquent par un professionnel de santé permet de résoudre rapidement des dif- ficultés qui pourraient mettre en cause le sevrage. Ce suivi permet également de donner des conseils (voir p. 44) et d’encou- rager le patient pendant l’arrêt. C’est aussi l’occasion de rappeler que la diminution de la posologie apporte déjà un bénéfice au patient.
q Réduction très progressive des doses
Le sevrage des BZD doit toujours être très lent et très progressif pour éviter la survenue d’un syn- drome de sevrage, d’un effet rebond ou d’une rechute. Le rythme de réduction des doses est adapté à la capacité du patient de supporter la diminution de la posologie compte tenu de la présence et de la sévérité Q
L’infirmière libérale magazine • n° 344 • Février 2018 41
Question de patient