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Politique & institutions
maillon manquant
générale que les décideurs d’hier pensaient pouvoir être pérenne. On sait que ces certitudes n’ont pas tenu, en raison de la politique SNCF déjà évoquée, de suppres- sions des trains classiques au fur et à mesure de l’extension des re- lations TGV sur arrière-plan d’ab- sence de l’État stratège ferro- viaire...
Interloire, idée prémonitoire bien avant les TER 200 Bretagne-Pays de la Loire Pourtant en matière de liaisons inter-régionales, l’initiative est venue historiquement des régions, avant même la décentralisation et la création des TER. Puisque c’est dès 1994 que les régions Centre et Pays de la Loire ont lancé des relations express entre Orléans et Nantes via Blois, Tours-Saint- Pierre-des-Corps (ou Tours-Ville), Saumur et Angers avec les premiers trains dits “Interloire”. Ils visaient à la fois à créer un lien structurant et à pallier la disparition de trains rapides et express sur la partie Orléans-Tours-Nantes de l’axe clas- sique Paris-Tours-Nantes après la mise en service de la LGV Atlan- tique.
Le service “Interloire” est lancé au rythme de trois allers-retours journaliers en semaine et de deux durant les week-ends, ces derniers étant prolongés jusqu’au Croisic. “Interloire”, qui profitait de l’exis- tence de sections parcourables à 200 km/h sur le parcours Orléans- Tours-Angers-Nantes était à l’origine proposé avec des voitures Corail (trains de cinq voitures en semai- ne et de sept voitures les week- ends) tractées par des BB 22500.
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LE TRAIN INTERRÉGIONAL EST-IL UNE CATÉGORIE “ATTRAPE-TOUT” ?
N AGC Caen-Tours à Sées (Orne)
La définition du train interrégional semble simple mais elle ne l’est finalement pas tant que ça. Pour l’ART (Autorité de Régulation des Transports)*, « une liaison interrégionale est celle dont l’origine et la destination se situent dans deux communes de Convention TER différentes ». Le régulateur estime, sur la base de cette même définition, qu’en 2018 les trains interrégionaux représentaient 19,7 % de l’ensemble des relations ferroviaires intérieures. Donc un total de 5225 relations sur 27135 relations annuelles, une liaison étant pour l’ART « un trajet sans correspondances entre deux gares ». Toutefois, il s’avère que la définition de l’ART pourrait complexifier l’appréhension de la réalité dans deux domaines. Le premier est lié à la réalité géographique et administrative. Dans la mesure où, en 2018, toutes les nouvelles régions issues de la réforme de 2015 n’avaient pas signé de conventions ad-hoc, puisque la Nouvelle-Aquitaine et les Hauts-de-France restaient encore liées aux précédentes, signées par l’Aquitaine, le Limousin et Poitou-Charentes, le Nord-Pas-de- Calais et la Picardie.
Le second concerne la nature des relations elles-mêmes, puisqu’elles incluent, outre les TER, les TET et les TGV inter-secteurs, qui restent cependant identifiés dans les tableaux de l’ART. Ce qui oblige à corriger la part des réels trains interrégionaux dans les TER. En 2018 ils totalisaient 4420 relations et 17,4 % du total des relations TER. Avec une nette différence entre les TER des onze régions hors Île-de-France parmi lesquels 18,2 % sont des trains interrégionaux et les trains du “Transilien” dans lesquels cette même proportion ne représente que 9,4 % des relations. Une correction qui doit aussi tenir compte du poids des transferts des TET aux régions puisque 10 % de ces 4420 relations étaient en 2018 des ex- TET. Une proportion qui va prendre encore de l’importance dans les prochaines statistiques avec les transferts qui sont devenus effectifs au 1er janvier 2019 et au 1er janvier 2020. Ce dont témoigne le dernier en date des rapports de l’ART qui, pourtant, ne développe pas spécifiquement la thématique des trains interrégionaux. C’est dans les Hauts-de-France que l’impact de la reprise des TET sur l’offre de transport a été le plus fort en 2019, puisqu’il s’est traduit par une augmentation de 27,7 % du nombre des km.trains.
* « Le marché ferroviaire du transport de voyageurs, volume 1 », 70 pages dont 17 pages d’annexes et de tableaux, Autorité de Régulation des Transports, Paris, septembre 2019.
MOBILITÉS MAGAZINE 46 - MARS 2021 - 27