Page 6 - AQMAT MAGAZINE - Juillet-août 2017
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MOT DE LA DIRECTION
TAUX D’INTÉRÊT ET SAC À DOS:
LE MÊME DÉFI DE LA JUSTE CHARGE
C’est l’été. Les vacances. De retour d’un hiking dans les montagnes corses au moment où la Banque du Canada engendre une remontée en chaîne des coûts d’emprunt. Rapport ? Les deux situations ont en commun la même nécessité de trouver un bon poids, la charge parfaite. Celle qui permettra de se rendre à destination et ce, dans les meilleures conditions.
Contextualisons les deux histoires.
Huit fois par année, la Banque annonce sa décision relative au taux directeur, pourcentage à partir duquel les institutions prêteuses établiront leurs fourchettes de loyers d’inté- rêts applicables sur l’argent auquel consommateurs comme entreprises voudront ou devront accéder pour
assurer leur qualité de vie et leur propre développement.
Annonce après annonce, 55 fois d’a lée depuis 2010, le gouverneur n’avait pas éprouvé le besoin d’augmenter le fameux taux : il demeurait xé depuis le début de l’ère statistique à un niveau record, tout près de zéro (0,50 %), aux antipodes des pourcentages stratosphériques (20 %), vécus, que dis-je, subis, par les citoyens et les entreprises au tournant des années ’80.
Et voilà qu’à la mi-juillet 2017, le taux directeur augmente à 0,75 %, entraînant la remontée des taux hypothécaires et des autres prêts offerts par les institutions financières, incluant les emprunts et les marges contractés par les entreprises. Entraînant aussi des inquiétudes, lesquelles je ne partage pas.
L’impression qu’on peut tout se procurer est pernicieuse. Elle est aussi dangereuse qu’une approche bas de laine où les ménages comme les entreprises assujettissent leur progrès à l’état de leur trésorerie, n’attribuant
aucune con ance à leur actif.
La quasi absence de taux d’intérêt génère l’endettement excessif. À preuve, la dette des ménages québé- cois et canadiens atteint un ratio de 170 %, soit un taux similaire à ce que connaissaient les Américains avant le krach nancier de 2008.
Autrement dit, pour chaque tranche de revenus bruts de 100 000$, les ménages ont une dette moyenne de 170 000 $ alors qu’il y a tout juste 15 ans, ce taux d’endettement était de 105 %. Si bien qu’on prévoit que 50 000 consom- mateurs et entreprises vont déclarer faillite cette année. Un autre triste record qui, à moyenne échéance, vient miner l’activité dans nos commerces et du coup, la production de biens.
Je suis de ceux qui souhaitent que le taux directeur s’établisse au moins à 1 % a n de provoquer deux conséquences : continuer d’être alléchant pour ceux et celles qui désirent investir sans donner en échange leur chemise à la banque tout en représentant un certain prix à payer, avec pour e et de ne pas encourager l’endettement trop facile.
Richard Darveau
Président de l’AQMAT et chef de la direction
450 646-5842, poste 225 rdarveau@aqmat.org
6 JUILLET-AOÛT 2017 AQMAT MAGAZINE