Page 53 - livre numérique il faut sauver mathilde
P. 53
Il faut sauver Mathilde !
Un texte de Leandro Durieu d’après Guy de Maupassant
C’était une de ces jolies filles charmantes qui ne se sentait pas à sa place mais qui
acceptait à contrecœur d'être née dans une famille de modestes employés.
Un soir, son mari rentra, l'air glorieux, le sourire aux lèvres, et lui dit en lui montrant une
enveloppe :
-Vas-y, ouvre la.
Elle déchira timidement le papier et en tira une carte qui portait ces mots :
-Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme
Loisel de leur faire l’honneur de venir passer la soirée à l’hôtel du ministère, le lundi 18
janvier.
Ravie, comme l’espérait son mari, elle jeta avec un grand sourire, l’invitation sur la table,
bafouillant :
-Je...je...je ne sais sais pas quoi dire....
-Oh et je t'ai aussi apporté cette robe pour y aller, ajouta-t-il.
-Merci, mais…comment l'as-tu eu.
-Ne t'en fait pas pour ça, elle te plaît ?
-Bien sûr que oui, articula-t-elle le visage embué de larmes, c'est le plus beau cadeau que
que tu m’aies fait !
-Aussi, je me suis dis que tu pourrais demander à ton amie Jeanne Forestier de te prêter
un de ses bijoux. Demain je t'y emmènerai, si tu le veux bien sûr.
-C'est d'accord ; j'ai déjà hâte d'y être ! s'exclama Mathilde.
Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta ses désirs. Mme Forestier alla vers
son armoire à glace, prit un petit coffret, l’apporta, l’ouvrit, et dit à Mme Loisel :
-Tiens je pense que celui-ci t’ira à merveille.
En ouvrant le coffret, subjuguée par la beauté de la parure, elle dit :
-Il est magnifique mais...tu es sûre de vouloir me le prêter ?
-Naturellement Mathilde !
-Mais que puis-je faire en échange ? demanda-t-elle.
-Oh, rien, rien, ta gentillesse me suffit ; et puis...tu sais...elle est fausse...
-Peu m 'importe la rareté ou le prix du bijou ; merci Jeanne, je t'en serais reconnaissante à
jamais.
Le jour du bal arriva et Mathilde, assez satisfaite de sa tenue, ne prêta aucune attention
aux regards déplacés des autres femmes. Le sourire aux lèvres, elle commença à danser
sereinement se sentant légère.Tout se déroula à merveille
durant le bal, et elle fut déçue que cela ne continue pas jusqu'au bout de la nuit ;
néanmoins, ce fut la meilleure soirée de sa vie.
Le soir, Mathilde rentra en compagnie de son mari, heureuse et reconnaissante envers lui
d'avoir tout fait pour qu'elle passe une soirée mémorable. Elle l'embrassa une dernière fois
avant de se coucher amoureuse et comblée.