Page 9 - Poésie - Najla Sadek- S2S
P. 9
L’expression
1-Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
2-Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
3-J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. de la douleur
4-Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
du deuil
5-Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
6-Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
7-Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
8-Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Le refus de poétiser la nature
9-Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
10-Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Contrairement aux poètes romantiques de son
11-Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe époque, Victor Hugo exprime sa douleur avec
12-Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. distance, d’un point de vue externe. Il refuse de
détailler sa souffrance et surtout de poétiser la
nature. Indifférent au paysage, le poète refuse de
voir et de regarder, comme le souligne la structure
anaphorique « Ni…/Ni… » et la répétition de « sans ».
La solitude du poète Un rythme saccadé
La solitude du poète est reflétée par Derrière l’apparente régularité de l’alexandrin se
l’emploi d’adverbes et de pronoms cachent des ruptures de rythme qui communiquent
traduisant l’absence. Cette solitude est la souffrance du poète. Au vers 2, le rejet suivi d’un
telle qu’elle amène à une point marque une pause importante. Cet effet de
dépersonnalisation du poète, suggérée par pause redoublé créé un rythme saccadé traduisant
l’adjectif « inconnu » (v. 7). l’impatience du poète.