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ressentaient de l’angoisse, de l’insécurité parce que traversés par les tourments et les mouvements d’humeur maternels changeants. De manière réactionnelle, ils se montraient parfois attaquants à son égard, ce qui la fragilisait jusqu’au point de l’atteindre profondément. Elle pouvait en effet prendre conscience et être assez lucide sur son état psychique défaillant vis-à-vis de ses enfants, ce qui la blessait fortement sur le plan narcissique, la décontenançait, lui faisait perdre confiance en elle-même, quand elle n’était pas dans le déni de ses comportements incontrôlables parce qu’inconscients.
Au gré du temps, nous sommes intervenus dans cette situation en suppléant aux carences et aux inadaptations de la mère, en temporisant, contenant les excitations et les débordements, en cherchant à bonifier le lien, en rassurant, renarcissisant Madame, cherchant à remettre de la cohérence, posant des limites, reprenant ici ou là certaines attitudes... avec patience, bienveillance, fermeté mais parfois avec irritation : démarches de notre part pour rendre les rencontres entre
profitable. Un rapport plus équilibré, normal, serein face à la réalité, une relation plus stable, et apaisée s’est construite avec ses enfants qui, du coup se sont sentis en miroir mieux psychiquement, n’estompant pas pour autant toutes les fragilités et les éprouvés épidermiques, les petites tensions entre eux.
La porte d’une sortie positive
Attitude de Monsieur
Le Père, parent hébergeur « déposait régulièrement » ses enfants (c’est le terme à l’espace de rencontre), tout en conservant une représentation négative de son ex- femme jugée par lui de malade, de quasi folle et pouvant avoir une influence nocive sur les enfants. Il avait peu d’échanges avec nous et tentait de respecter son devoir d’amener les enfants aux bonnes dates et heures, même si quelques oublis curieusement justifiés, ne semblaient pas le perturber ni selon lui, perturber les enfants qui saturaient de venir. Une réelle dimension affective
Durant ces années, nous sentions de plus en plus malgré la précarité psychique maternelle, la persistance indicible des liens souffrants mère-enfants, les résistances de ces derniers à rencontrer cette mère déstabilisante et perturbée mais aussi un attachement affectif réciproque, de la complicité, du jeu au niveau des interactions.
La posture des professionnels
chacun plus supportables, vivables. Les notions chères développées par D. WINICOTT du holding, du handling... trouvent ici leur illustration.
Vers de l’amélioration
Progressivement, mais assez récemment parce que dans une meilleure observance de son traitement et consolidée par son insertion professionnelle (auxiliaire de vie), les symptômes de madame se sont atténués et ont presque miraculeusement disparu. S’être posée dans la durée semble lui avoir été
Après l’échec d’une première expérience hors Espace Rencontre et de timides tentatives d’aller au dehors avec ses enfants qui avaient aussi échoué (plaintes des enfants au père qui interdira à la mère dorénavant de sortir de nouveau avec eux), Mme C. a pu davantage en 2020 maitriser, prendre confiance et gérer réellement ses premiers moments de liberté avec ses enfants, en donnant cette fois ci des preuves, un gage d’assurance, de sérieux à son ex-compagnon, même si demeurent chez ce dernier des craintes, un fort pessimisme à aborder l’avenir dans une nouvelle configuration de rencontres.
Sans baisser les bras, une alternative sur l’extérieur a été cependant de nouveau
entreprise. La réitération cette fois-ci de nouvelles sorties mère-enfants parce que plus sécures et affirmées se sont soldées par de plus grandes réussites. Elles ont annoncé les prémices d’un droit de garde au domicile de la mère certains week-ends confirmés par la dernière décision de justice.
Ouverture
Cet accompagnement sur plusieurs années de cette mère avec ses enfants au sein de
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