Page 11 - Chicago Teaser
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Toute œuvre d’art digne de de ce nom a a a a le pouvoir de de nous faire oublier un instant notre propre monde monde et de de de nous entrainer dans sa réalité Parce que le monde monde créé par cette œuvre œuvre est bien sûr notre monde nul autre donc ce ce que l’œuvre ajoute à ce ce qui qui nous est est est familier c’est le choc de ce ce qui qui ne ne l’est pas Une photographie de de de de la la la côte du lac Michigan depuis le le quartier de de de de Hyde Park filant vers le le nord jusqu’aux gigantesques gratte-ciels du Loop (« boucle ») est bien reconnaissable et et pourtant par son talent l’artiste transforme cette fameuse vue en en quelque chose d’étrange et de nouveau Une véritable œuvre d’art nous nous montre le le monde que nous nous connaissons bien mais nous nous nous demande de de de de de nous nous nous arrêter et de de de de de bien regarder ce que nous nous nous voyons Face à l’étrangeté inattendue de de ce ce qui nous nous est familier nous nous devons soudain tenter de de de de le le le le le comprendre non non seulement seulement de de de de le le le le le regarder mais de de de de le le le le le voir non non seulement seulement de de le le voir mais de de s’en émerveiller Porter ainsi un nouveau regard peut nous amener à à questionner à à critiquer notre monde ordinaire que que que la photographie a a a rendu en en en quelque sorte étranger Cette soudaine perception du du sens de ce ce qui nous est est familier est est ce qu’on appelle une «révélation» Les photographies recueillies ici documentent la réalité du Chicago actuel Aucune enquête publique aucun travail journalistique ne ne pourrait espérer rivaliser avec les les photos de de Chicago de de Jérôme De Perlinghi : elles saisissent la réalité toujours toujours changeante toujours toujours en mutation de l’organisme vivant qu’est cette ville Parce que que cette discipline artistique est la photographie (l’image fixe) on pourrait être tenté de compléter cette pensée en en en en ajoutant que ses photos nous montrent la ville à un moment donné précis Mais dans le le cas des photographies recueillies ici ce ce ce serait une erreur Comme toute excellente œuvre d’art l’impact de ces images tend à cacher l’ensemble de l’œuvre le le le travail qui y est est investi Et dans le le le cas de de de Chicago « la ville qui travaille » nous nous nous nous nous nous devons de de de nous nous nous arrêter un instant pour évaluer le travail dans l’œuvre l’œuvre : l’artiste à l’œuvre l’œuvre Toutes les photos dans ce livre ont été prises sur une période de de sept ans ans entre 2011 et 2018 au cours de de laquelle De Perlinghi enseignait la la photographie à deux universités de de Chicago Pendant onze trimestres il assurait les cours de de photojournalisme à l’université de Loyola et durant trois trimestres ceux sur la la photographie urbaine à l’université de Columbia où il était également artiste en en en résidence en en en 2014 Les jours où il n’avait pas cours Jérôme se levait à l’aube mangeait un un bol de céréales attrapait son tout nouvel appareil un un Fuji 100-series et et se mettait à marcher Depuis Oak Park il marchait presque toujours vers l’est en en en direction du lac et entrait dans la la ville Il est important de mentionner ces marches à pied parce que si les photos rassemblées ici nous révèlent Chicago elles cachent une odyssée Il s’agit d’une ligne droite de de de seize kilomètres de de de long de de de Oak Park au cœur du quartier des affaires de de Chicago le Loop et et donc encore seize kilomètres au retour Mais Jérôme marchait rarement tout droit Comme Ulysse qui à la la fois voulait sans pour autant vouloir rentrer tout droit en en son pays Jérôme se baladait Et ce tous les jours religieusement chaque jour jour qu’il passait à Chicago il il marchait Et s’il peut nous paraître étrange que Jérôme marchait tous les jours d’un côté
à l’autre de de Chicago – depuis les limites marécageuses et encore partiellement boisées à à l’ouest au au North Side Side ou ou ou ou au au South Side Side ou ou ou ou à à la la rive du lac et inversement au retour soit entre trente et et quarante-cinq kilomètres par jour – c’est peut-être qu’on a a a a oublié quelques vérités importantes concernant Chicago Les premiers Européens sont arrivés au au bord du lac là où se trouve aujourd’hui la l la ville de Chicago parce que que à l’époque la la rivière se jetait dans le le lac Il s’agissait de d de marchands français ayant débarqués à la fin des années 1600 et ils sont venus ici parce que leurs guides indiens probablement des des membres de de de la tribu Kaskaskia de d de de la confédération de d de de l’Illinois savaient que c’était un endroit de d de de portage Voyez-vous Chicago a a a a toujours été un lieu de marche et aussi peu que possible En ces temps-là on pouvait aller de l la la côte atlantique en canoë traverser les 

































































































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