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L’HEURE BLEUE de PEDER SEVERIN KROYER
                                         AU MUSEE MARMOTTAN-MONET
                                                       Jusqu’au 26 septembre 2021


                                                                    Par Bernard Levassor de Charmoy




                    Depuis un peu plus de trente ans, les musées parisiens redécouvrent l’école de peinture des
                    pays du nord de l’Europe et ses peintres fort talentueux. On se rappellera l’exposition Lumières
                    du Nord au Petit Palais en 1987, celles consacrées à Vilhelm Hammershoi au Musée d’Orsay
                    en 1998 et à Jacquemart-André en 2019 ou la belle L’Âge d’or de la peinture danoise  au Petit Palais
                    de 2020.

                    C’est dans cette perspective que s’inscrit le musée Marmottan Monnet en présentant, pour la
                    première  fois  en  France,  une  exposition  monographique  du  peintre  danois  Peder  Severin
                    Krøyer (1851-1909), successeur de Købke et prédécesseur d’Hammershøi dont il fut le maître,
                    il tient une place particulière dans la peinture de son temps.


                    L’hôtel Marmottan, édifié vers 1860 sur une parcelle du parc de six hectares du château de la
                    Muette, a été légué par Paul Marmottan en 1932 à l’Académie des Beaux-Arts, héritière de
                    l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture fondée en 1648 sur démarche de l’amateur d’art
                    Charles Martin de Charmoy auprès d’Anne d’Autriche régente, qui poursuit ainsi, via une
                    fondation ad hoc, la mission initiale de défenseur de l’art français.

                    Peintre,  dessinateur,  photographe,  Kroyer  a  posé  sur  ce  qui  l’entourait  un  regard  quasi
                    naturaliste et bienveillant porté sur la mer, l’activité des pêcheurs, activité principale du lieu,
                    ses proches, ses amis et ses condisciples regroupés à partir de la fin du XIXème siècle à Skagen,
                    situé à l’extrémité de la presqu’île du Jutland. C’est dans ce village, là où les eaux de la Baltique
                    rencontrent celles de la mer du Nord, où l’été, par un phénomène météorologique particulier,
                    une lumière unique apparaît au moment crépuscule nordique, qu’il fut séduit par cette «heure
                    bleue» dont il rend avec brio toute la poésie.


                    Une soixantaine de chefs-d’œuvre sont ici réunis avec le partenariat du Skagen Kuntsmuseer,
                    qui a prêté 38 toiles, et la coopération de plusieurs autres musées dont l’Academia de Venise
                    et quelques collectionneurs privés.

                    Élève de Frederik Vermehren à l’Académie royale des arts puis de Léon Bonnat à Paris, Peder
                    Severin Krøyer est remarqué de Copenhague à Paris. À partir de 1882, il partage son temps
                    entre la capitale danoise et le village de pecheurs de Skagen où s’est déjà regroupé une colonie
                                                          ̂
                    d’artistes. Situé aux confins du Danemark, là où les courants de la mer du nord et de la baltique
                    se  rejoignent,  le  lieu  est  connu  pour  ses  jours  interminables  à  la  luminosité  cristalline  à
                    l’approche de la Saint Jean Baptiste (23 juin).

                    C’est à̀ cette période de la vie et de l’œuvre de Peder Severin Krøyer que se situe l’exposition
                    du musée Marmottan Monet dont il faut signaler l’intelligente scénographie, que l’on doit à
                    d’Anne Gratadour, qui est agréable, dynamique en mettant en valeur, par de petits espaces
                    adaptés aux couleurs choisies, chacune des toiles.
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