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Editorial
                               Sine pulchris, nihil sumus – sans la beauté, nous ne sommes rien.



                          Ce printemps chaotique,                           traversé par des pluies froides
                  et des rafales de vent sous des                           cieux lourds et menaçants  à
                  peine  fracturés  par  quelques                           rayons  de  soleil,  est  au
                  diapason  de  l’actualité  cernée                         par la pandémie, par les peurs
                  et les interdits en tous genres                           qu’elle impose. Où trouver la

                  sérénité, la confiance dans l’avenir, des motivations autres que celles déterminées par

                  les nécessités de l’immédiateté essentielle liées à la survie.

                       En suivant le principe fondateur de la revue on pense que pendant ces temps

                  maudits, le refuge pour nous ressourcer, reconstituer notre équilibre moral, notre soif
                  et capacité d’agir, se trouve comme toujours dans le royaume de la beauté.
                       Mais où se cache-t-il ce royaume, quel endroit mystérieux l’abrite, quel voyage

                  étrange ou périlleux doit-on envisager pour l’atteindre et pouvoir s’y immiscer ?
                       Il faut se plonger dans le puits des souvenirs ancestraux et se rappeler que nous
                  sommes issus de la poussière et que « nostra mater terra » même si elle nous punit

                  quelques fois, elle ne nous abandonne jamais.
                       Ainsi,  elle  nous  offre  encore  aujourd’hui  l’accès  facile,  gratuit  et  combien
                  salvateur à la beauté sublime des fleurs, des forêts, des paysages de la nature sauvage
                  ou bien, à celle récrépe avec art, charme et délicatesse dans nos parcs et nos jardins.
                  N’oublions pas qu’une des principales sources de nos angoisses reste l’ignorance
                  concernant les fondements et le sens de l’existence dans toutes ses manifestations

                  matérielles  et  spirituelles.  Pour  trouver  une  représentation  éloquente  et  quelques
                  réponses dans notre quête de compréhension du monde, démarche rendue difficile

                  par les dimensions de l’univers qui s’étend entre le microscope et le télescope, entre
                  les atomes et le cosmos, entre la seconde et l’éternité, il suffit parfois de regarder la

                                vie d’une fleur,  « la belle de jour » . Elle s’ouvre le matin et se ferme la
                                nuit nous offrant une parfaite parabole de l’existence, de notre passage
                                dans le temps entre la vie, la mort et la renaissance.
                                Aussi,  une  image  convaincante  de  la  symétrie  dans  le  monde,  d’un
                                certain  dualisme  concernant  des  contrastes  parfois  incompatibles :

                  matière-antimatière, parfois complices dans la continuité possible du
                  réel : le visible et l’invisible, nous est offerte par la « belle de nuit ».

                  Son existence est plus dramatique car éphémère,  elle s’ouvre en fin
                  d’après-midi pour se faner le lendemain matin. Hommage discret à

                    la fragilité de l’être et à la brièveté de l’existence, sans que l’on s’attarde sur le symbole
                  de la nuit, de l’obscurité qui s’évanouit dans la lumière.
                       Soyons heureux dans ce bas monde, si haut par la beauté de la nature.





                        Epaminondas Chiriacopol - rédacteur en chef
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